Ce document est tiré de l’article scientifique : Zézouma SANON, Mipro HIEN, Jérôme T. YAMEOGO, Yvonne BACHMANN, Irénée SOMDA. Dynamique structurale des îlots de forêt claire à Anogeissus leiocarpa (DC.) Guill. et Perr. dans le Sud-Ouest du Burkina Faso. International Journal of Biological and Chemical Sciences 2015., pp. 847-860, DOI:http: //dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v9i2.24
Zézouma SANON1,3, Mipro HIEN2, Jérôme T. YAMEOGO2, Yvonne BACHMANN4, Irénée SOMDA2
1Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles,
2Université NAZI BONI,
3Agence Nationale de Biosécurité
4Institute for Ecology, Evolution and Diversity, University Frankfurt am Main (GUF), Germany.
Auteur correspondant : Zézouma SANON. zezoumasanon@yahoo.fr
- Introduction
Les forêts claires sont le résultat d’une dégradation des forêts denses sèches et se maintiennent dans cet état du fait des feux de brousse et de l’existence d’une saison sèche suffisamment longue (BELLEFONTAINE et al., 2000). Dans le Sud-Ouest du Burkina Faso, elles sont rencontrées sous forme de reliques de petites superficies. Ces îlots se font rares de nos jours hors des zones de conservation. La pression anthropique de plus en plus forte dans la zone et sur la forêt classée de Koulbi est de nature à mettre en mal la conservation de cette relique de végétation. En effet, cette forêt abritait des villages et une population importante dont l’activité principale était l’agriculture itinérante sur brulis avant le déguerpissement de 2009. L’étude conduite sur les vestiges des forêts claires à A. leiocarpa se veut être une contribution à une meilleure connaissance de la diversité floristique et de la dynamique des forêts claires de la forêt classée de Koulbi et attirer l’attention des décideurs sur la conservation de cet écosystème particulier fortement menacé. Ce document est destiné aux gestionnaires des ressources naturelles et la population de façon générale. Il invite à la conservation et l’utilisation des forêts claires à Anogeissus leocarpa.
2. Méthodologie
Une prospection a été faite dans la zone en couvrant toute la forêt. Les différentes unités de forêts claires à A. leocarpa ont été identifiés et géolocalisées. Un inventaire floristique ligneuse a été faite dans des placettes de 900 m2. Les paramètres dendrométriques tels que le diamètre à hauteur de poitrine ont été mesurés. La structure en classe de diamètre a été établie. L’effet des activités humaines sur ces formations ont également été notées et une carte de localisation a été produite.
3. Résultats
3.1. Carte de distribution des ilots de forêt claires à A. leocarpa
Les forêts claires à A. leocarpa sont dispersées dans la partie nord et sud de la forêt classée de Koulbi. Elles se présentent sous forme d’ilots de petite superficie (Figure1).
3.2. Végétation des ilots des forêts claires
L’inventaire a permis de recenser 67 espèces ligneuses reparties en 54 genres et 28 familles. Les familles les plus représentées sont les Mimosaceae (12%), les Caesalpiniaceae (10,4%), les Combretaceae (10,4%), les Fabaceae (6%), et les Rubiaceae (6%). Les principales espèces sont A. leiocarpa, Pterocarpus. erinaeus,Lannea. barteri, Adansonia. digitata, et Vitellaria. Paradoxa. A. leocarpa est l’espèce la plus importante avec une densité des individus adultes de 316 pieds/ha et la régénération est de 667 pieds/ha (tableau1). La structure de A. leocarpa présente une allure en « J renversé ». Ce qui voudrait dire que les individus jeunes sont plus nombreux. Et ce nombre décroît au fur et à mesure que le diamètre augmente (Figure 2).
3.3. Pression humaine et état sanitaire des peuplements de forêts claires.
Les forêts claires à A. leiocarpa sont sous forte pression anthropique, surtout celles situées à la périphérie. Les îlots parcourus présentent 18,5% des signes d’anthropisation (Figure 3). En plus, la principale espèce (A. leiocarpa) connait une mortalité localisée de l’ordre de 9,27%. Des observations sur le tronc des sujets ont permis de noter un nombre important de perforations (2000 perforations/m2) sur les sujets morts, des perforations sur les sujets moribonds avec présence d’insectes (Figure 4) et une absence d’insectes et de perforations sur les sujets sains. Le caractère localisé de la mortalité laisse croire à une attaque parasitaire ou virale.
4. Conclusion
Les îlots forêts claires de Koulbi ont une diversité floristique faible. Elles sont dominées par A. leiocarpa auquel s’associent P. erinaceus, L. barteri, V. paradoxa. Ces espèces influencent fortement (plus de 60%) la densité et la surface terrière des arbres de ces formations. L’analyse structurale de A. leiocarpa montre une bonne dynamique des sujets adultes et des sujets juvéniles. Cependant, l’espèce est confrontée à une mortalité (9,27%) localisée qui serait causée par un agent pathogène. A cette menace, s’ajoute la pression anthropique encore forte sur ces formations qui existent sous forme d’îlots. Une attention particulière doit être portée sur cet écosystème particulier lors des aménagements dans les forêts et même hors des forêts. Pour une utilisation durable de la principale espèce qui Anogessus Leocarpa ; il serait bien de travailler à sa domestication. C’est une espèce qui peut bien jouer le rôle de bois de service comme l’Eucalyptus spp. Aussi, ses vertus pourraient être mieux exploité. L’écorce est un très bon cicatrisant des plaies de brulures.
5. Références bibliographiques
Zézouma SANON, Mipro HIEN, Jérôme T. YAMEOGO, Yvonne BACHMANN, Irénée SOMDA. 2015. Dynamique structurale des îlots de forêt claire à Anogeissus leiocarpa (DC.) Guill. et Perr. dans le Sud-Ouest du Burkina Faso. International Journal of Biological and Chemical Sciences, pp. 847-860, 2015. DOI:http: //dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v9i2.24
Zézouma Sanon 2019. Dynamique de l’occupation du sol et diversité floristique ligneuse de la végétation de la forêt classée de Koulbi dans le Sud-Ouest du Burkina Faso. Thèse Unique, 132p.