Les responsables de la Plateforme de Dialogue et d'Action sur les Technologies de Santé en Afrique ont organisé, du 14 au 15 avril 2022, à Bobo-Dioulasso, un atelier d’échange avec des réseaux de journalistes et des rédacteurs scientifiques. L’objectif de cette visite est d’améliorer la compréhension des journalistes sur les biotechnologies et de présenter le projet Health tech. En outre, il y a eu la visite des activités du projet Target Malaraia.
Pour Dr Charlemagne Tapsoba, Chargé de projet « Plateforme de dialogue et d’action sur les technologies de la santé en Afrique », l’objectif du projet est de mettre en place la Plateforme Health Tech pour promouvoir et faciliter des discussions objectives, ouvertes et équilibrées sur le développement de technologies émergentes et autres outils pour relever les défis de la santé en Afrique. « Ce qui est important, c’est d’avoir des informations basées sur des évidences scientifiques. À partir de ces évidences, tous les acteurs, avec ceux qui sont pour ou ceux qui sont contre, nous pouvons avoir des discussions saines sur les potentiels de ces technologies », a-t-il dit.
La « Plateforme de dialogue et d’action sur les technologies de la santé en Afrique », initiée par l’Institut Africain de Politique de Développement (AFIDEP) en 2021, est mise en œuvre au Burkina Faso et en Ouganda. Elle couvre l’Afrique subsaharienne et devra générer et maintenir la confiance et l’appropriation des principales parties prenantes au niveau régional et national afin d’avoir l’influence nécessaire pour réaliser ses résultats. Financé par la Fondation Bill et Melinda Gates (BMGF), le projet a une durée de trois (03) ans.
Au Burkina Faso, le Centre de recherche en santé de Nouna a été désigné comme partenaire institutionnel pour diriger la mise en œuvre de la Plateforme de dialogue et d’action sur les technologies de la santé en Afrique (Health Tech).
Target Malaria et ses activités.
Concrètement, la plateforme de dialogue intègre la promotion des biotechnologies en santé. Dans ce cadre, les journalistes ont eu droit à une communication sur les activités du projet Target Malaria. De la présentation de Dr Abdoulaye Diabaté, Investigateur principal de Target Malaria au Burkina Faso, on retient que le projet rassemble des institutions d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Afrique. Il est actuellement actif dans quatre (4) pays africains (Mali, Ouganda, Ghana, Burkina Faso).
La vision du projet est d’avoir un monde exempt du paludisme. Pour ce faire, son approche est fondée sur le contrôle du paludisme par le contrôle du moustique. Son objectif est de réduire la population de moustiques, principaux vecteurs du paludisme (Anopheles gambiae, Anopheles coluzzii, Anopheles arabiensis).
Selon Dr Abdoulaye Diabaté, il s’agit de développer un outil de lutte génétique basé sur les biotechnologies modernes, efficace et à moindre coût. On retient aussi que la première phase du projet a été exécuté. Il consistait à créer des mâles stériles auto limitatifs pour éviter que ces moustiques génétiquement modifiés, lorsqu’ils s’accouplent avec les femelles sauvages, ne donnent pas de progénitures. Cela permet de contenir la propagation du gène d’intérêt. Le lâcher a eu lieu en juillet 2019. « Tous les objectifs fixés dans cette phase ont été atteints. Les moustiques lâchés participent aux essaims pour l’accouplement. Nous avons réussi à estimer leur survie journalière et leur dispersion. À ce jour, le gène que nous avons lâché n’existe pas dans la nature. Il a totalement disparu, car à ce stade de l’étude, il n’était pas fait pour durer dans la nature », explique-t-il. Les prochaines étapes consistent à l’utilisation de mâles biaisés auto limitatifs (deuxième étape) et le « Gene-Drive » (troisième étape).
Dans une troisième communication, présentée par Dr Mathurin Rouamba, de l’Agence nationale de Biosécurité, les journalistes ont découvert la règlementation en biosécurité au Burkina Faso.
Par ailleurs, pour les visiteurs, une excursion a été organisée à Bana, un des villages concernés par le projet. Les journalistes ont rencontré et discuté avec les autorités locales sur l’impact du lâcher. « Depuis le lâcher jusqu’à ce jour, nous n’avons pas rencontré de problèmes. Personne ne s’est jamais plainte d’un tort. Nous sommes impliqués dans toutes les activités du projet. Nous participons même aux recaptures des moustiques », indique Tchessira Sanou, un des notables du chef de village. Cette bonne collaboration est confirmée par Karim Hayoro, Point focal de Target Malaria à Bana.
Du reste, Dr Ali Sié, Directeur du Centre de recherche en santé de Nouna, s’est dit satisfait des échanges entre les chercheurs, les journalistes et les responsables de la plateforme. « Au regard de l’engouement, nous voyons qu’il y a un réel besoin d’avoir un dialogue et une communication permanente entre les hommes de médias et la recherche. Donc nous comptons renforcer cette communication car nous sommes convaincus de l’importance de maintenir le partenariat pour une meilleure communication autour des activités de recherche en santé », confie-t-il.
Jean-Yves Nébié
Légendes
- Dr Abdoulaye Diabaté, Investigateur principal du projet Target Malaria au Burkina Faso
- Dr Ali Sié, Directeur du Centre de recherche en santé de NounaDr Charlemagne Tapsoba, Chargé de projet « Plateforme de dialogue et d’action sur les technologies de la santé en Afrique »
- Les journalistes ont discuté avec les autorités du village de Bana