Les hépatites virales sont un fléau de santé publique au niveau mondial. L’OMS estime que, dans le monde, plus de 250 millions de personnes vivent avec une infection chronique au virus de l’hépatite B et plus de 70 millions au virus de l’hépatite C. Au Burkina Faso, l’hépatite B a une prévalence nationale estimée à 9.1% et de 3.6% pour l’hépatite C. Mais, concrètement qu’est-ce qu’une hépatite virale et en quoi elle impacte le fonctionnement du foie ? Quelles sont les coûts des traitements ? etc. Pour en discuter, nous avons rencontré, le 24 août 2021, Dr Nômawendé Inès Yougbaré/Compaoré, médecin hépato-gastroentérologue à la Clinique El Fateh-Suka. Entretien…
Pouvez-vous nous expliquer brièvement votre spécialité ?
Je suis hépato-gastroentérologue. Ma spécialité consiste à dépister, à diagnostiquer et à prendre en charge les maladies du tube digestif (œsophage, estomac, intestins, anus…) et de ses organes annexes comme le foie et le pancréas.
Quelles sont les maladies du foie les plus courantes que vous traitez ?
Ce sont les hépatites. En général, les hépatites virales et les hépatites toxiques. Je n’ai pas de données personnelles pour affirmer lesquelles sont en tête, mais ces deux causes sont très fréquentes.
Parmi les hépatites virales, l’hépatite B est prédominante. Pour les hépatites toxiques, nous avons l’hépatite alcoolique ou les hépatites liées à la prise de médicaments que l’on ne connait pas toujours.
Qu’est-ce que l’hépatite ?
Une hépatite, c’est une inflammation du foie. Quand on dit qu’un patient a une hépatite, cela signifie qu’il souffre d’une cytolyse du foie, qu’il y a quelque chose qui agresse les cellules son foie.
Quelles sont les fonctions du foie ?
Le foie est le plus gros organe de l’organisme humain. Il pèse normalement en moyenne un kilogramme et demi. Il a plusieurs fonctions dont celles de filtration et d'épuration des toxines. C’est un grand filtre de l’organisme. Presque tout ce qu’on ingère passe par le foie. Il élimine les toxines produites par notre organisme et les toxines ingérées comme l’alcool. Il participe au métabolisme et à la digestion des lipides, des protéines, des glucides. Aussi, il a une fonction de synthèse des facteurs de coagulation du sang. Une autre fonction est le stockage : il permet de stocker/déstocker l’énergie sous forme de glucose ou de graisse (lipide). A noter que le foie a un pouvoir d'auto-régénération. Au regard de toutes ces fonctions, le foie joue un rôle très important dans l’organisme. Quand cet organe est en souffrance, c’est tout l’organisme qui est en souffrance.
Quelles sont les différents types d’hépatites ?
Il y a plusieurs types d’hépatites. Quelle que soit l’hépatite, les manifestations sont identiques. Il y a des hépatites liées à des infections : virales, bactériennes, parasitaires (par exemple, le plasmodium, responsable du paludisme), des champignons... Pour les virus il y en a plusieurs : A, B, C, D (Delta), E… D’autres virus comme celui de la fièvre jaune, le Coronavirus de la Covid-19, TTV… Par ailleurs, il y a les hépatites toxiques liées à la prise d’alcool, de médicaments ou des substances toxiques ingérées comme l’aflatoxine, l’amanite, certains solvants industriels... Même le paracétamol peut provoquer une hépatite. En outre, il y a le foie gras favorisé par l’obésité, l’hypertension artérielle, le diabète, le manque d’activité physique…
Qu’est-ce qu’une hépatite virale concrètement ?
C’est une hépatite causée par ce qu’on appelle les virus alphabétiques (les plus documentés sont de A à E).
Au Burkina Faso, le virus hépatique le plus fréquent est le « B ». Selon une étude publiée en 2016, il y avait une prévalence de 9,1% pour le virus de l’hépatite B ; de 3,6% pour le VHC et de 1% le VHD. L’hépatite virale (HV) D est particulière car on ne peut pas en être infecté si on n’a pas déjà ou en même temps l’hépatite B.
Qu’est-ce qu’une hépatite aiguë et une hépatite chronique ?
Une hépatite aigüe évolue généralement moins de trois mois. Dans ce cas, l’évolution est souvent spontanément favorable. En 2 à 4 semaines, le foie peut se rétablir complètement. Dans certains cas, l’hépatite aiguë peut être grave voir même fulminante dans environ 1% et il y a une nécessité de transplantation hépatique. Au Burkina Faso, on ne fait pas encore de transplantation. Dans ces cas, malheureusement, il n’y a plus grand-chose à faire ! On a parfois beaucoup de difficultés à expliquer aux patients et à leurs parents qu’en présence d’hépatite aigue, le maximum de dégâts est très souvent déjà fait. C’est à ce stade que certains ont des recours encore plus néfastes au foie.
L’hépatite est chronique si elle évolue depuis plus de six mois. Quand il y a une hépatite chronique, cela veut dire qu’en plus de l’inflammation, de la nécrose (présence de cellules mortes), il y a aussi de la fibrose (la cicatrice sur le foie est fibreuse). Lorsque cette fibrose déstructure complètement l’architecture du foie, le malade souffre de cirrhose. Les fonctions du foie sont alors fortement réduites. La complication la plus redoutable c’est bien sûr le cancer qui peut apparaître sur un foie cirrhotique ou directement sur un foie non cirrhotique.
Comment se manifeste chacune des hépatites (signes et symptômes) ?
Le problème est que le foie est un organe silencieux. Tant qu’il fonctionne à plus de 30% à 40%, il n’y a aucun moyen clinique de le savoir. Un diagnostic précoce permet de dépister, une prise en charge adaptée permet de ralentir voir de stopper l’agression foie.
Toutes les hépatites se manifestent de la même manière qu’elle qu'en soit la cause. Les hépatites sont généralement asymptomatiques. Il y a parfois des symptômes (atypiques) comme la fièvre, le jaunissement (de la peau, des yeux, des urines), la peau peut gratter, la fatigue extrême, des nausées, des nausées/vomissements et des douleurs abdominales…A des stades très avancés, le malade peut vomir du sang, avoir de l’eau dans le ventre, avoir du mal à arrêter un saignement, être en coma ou décéder.
Comment contracte-t-on ces pathologies ?
Les hépatites virales A et E ont une transmission orale-fécale. Elles se transmettent par les mains sales, les eaux et aliments contaminés.
Les hépatites B, C et Delta peuvent se transmettre par la voie périnatale (grossesse, accouchement, naissance), sanguine (aiguilles, seringues, tatouages, piercings, transfusion, etc.) ou par des liquides biologiques contaminés (salive, les écoulements menstruels, les sécrétions vaginales ou le liquide séminal). Il y a aussi les rapports sexuels mal ou non protégés. On recherche aussi des co-infections par le VIH, la syphilis et des pathologies associées comme une insuffisance rénale pouvant rendre plus difficile le traitement.
Au Burkina Faso, notre mode de vie est communautaire. Des pratiques comme l’excision, la circoncision, les scarifications, tatouages… pourraient expliquer pourquoi l’hépatite B est très répandue. Malheureusement, jusqu’à présent, on n’a pas de moyens de savoir qui a contaminé qui, quand, comment. Quand il y a un cas positif, il faut faire un dépistage de tout l’entourage : famille, voisins, amis… Je rappelle que c’est une maladie silencieuse. Donc chacun doit faire son dépistage pour se faire vacciner ou se faire prendre en charge rapidement.
Peut-on contracter une hépatite en embrassant une personne contaminée ?
En prenant juste quelqu’un dans les bras, non. On peut avoir des plaies dans la bouche qu’on ignore. En cas de plaies, de saignements ou d’autres effractions cutanées, il y a un risque de transmission par les baisers surtout prolongés. Mais ce risque ne semble pas être lié à la salive.
L’hépatite peut-elle se transmettre de la mère à l’enfant ?
C’est la transmission la plus fréquente, surtout pour l’hépatite B. Plus on a été contaminé tôt dans l’enfance, plus on a un risque plus élevé d'évolution chronique. C’est peut-être pour cela que l’hépatite B est plus fréquente au Burkina Faso. Par exemple, avant l’âge de 1 an jusqu’à 90% de cas risquent d’être chroniques. A l’âge adulte c’est 5% de risque de chronicité.
Quelles sont les complications des hépatites les plus courantes ?
C'est l’hépatite chronique. Le risque c’est la cirrhose et le cancer. L'hépatite aiguë est plus fréquente mais est souvent non compliquée.
Les difficultés liées aux coûts de dépistage, de diagnostic et de prise en charge retardent la prise en charge chez plusieurs Burkinabè. En effet, après le diagnostic il y a d’autres examens de sang et l’échographie à faire. Le patient doit réaliser ses examens, respecter ses rendez-vous, acheter ses médicaments… Et il y a souvent plusieurs cas dans la même famille.
Quelle est l’hépatite la plus grave ?
Toutes les hépatites peuvent être graves et mortelles. L’hépatite D (delta) semble plus redoutable car elle s’additionne à l’hépatite B. Ses diagnostics et traitements si disponibles sont les plus chers.
Comment prévenir ces pathologies ?
Il faut sensibiliser les populations : on peut être apparemment bien portant et être porteur d’une hépatite virale B/D ou C. Il y a des moyens de diagnostics, de suivis et de traitements.
On peut se protéger par la vaccination (VHB et A) et le respect des mesures d’hygiène, l'utilisation des objets personnels ou à usage unique, l'utilisation correct des préservatifs…
Les autorités peuvent aider davantage. Ces dernières années, il y a beaucoup d'avancés dans la sensibilisation, la vaccination, la prise en charge…Mais le coût des examens et traitements restent très élevés, il y a aussi les ruptures de médicaments.
Quelles sont les traitements disponibles ?
Pour toutes les hépatites aigues, c'est d’abord le repos, les traitements symptomatiques et certaines particularités thérapeutiques.
Pour les cas chroniques, pour l’hépatite B, nous n’avons pas pour le moment un traitement curatif. Il y a des antiviraux pour contrôler la réplication virale. On peut parfois ralentir l’évolution de la maladie et prendre en charge certaines complications. Le premier traitement c’est la surveillance. Il est rare d’en guérir, mais c’est possible. Pour l’hépatite C, le traitement est efficace à plus de 90%. On en guérit, mais on peut se réinfecter. Pour le traitement de l’hépatite D, il y a des difficultés d'accessibilités et de coûts.
Que pouvez-vous nous dire sur le vaccin de l’hépatite B ?
Le vaccin existe, est efficace, et c’est un grand espoir. Si on parvient à vacciner tout le monde à partir de maintenant, dans 20 à 30 ans on ne va peut-être plus entendre autant parler de l’hépatite B. En effet la fréquence et les complications pourraient nettement diminuer. S’il n’y a plus d’hépatite B, on n’y aura plus d’hépatite D. Il faut en général trois doses pour les adultes et quatre doses pour les enfants. Dans le programme élargi de vaccination, le vaccin est disponible dès deux mois. Nous espérons que très bientôt, il soit disponible dès la naissance. Dès à présent, ceux qui désirent peuvent faire vacciner leurs enfants dès la naissance (frais à leur charge).
Jean-Yves Nébié
Télesphore Sawadogo
Légendes
1. Dr Nômawendé Inès Yougbaré/Compaoré, médecin hépato-gastroentérologue à la Clinique El Fateh-Suka
2. Le foie dans le système digestif
3. La prévalence de l’hépatite B dans le monde en 2005
4. Histoire naturelle de la maladie après infection par le virus de l’hépatite C
5. Histoire naturelle de la maladie après infection par le virus de l’hépatite B
6. Les évolution possibles d’un foie infecté par le virus de l’hépatite B
7. Un foie atteint de cirrhose hépatique
Encadré 1
Hépatite B
Ce qu’il faut savoir !
Le virus de l’hépatite B (VHB) peut causer des infections hépatiques potentiellement mortelles. Il représente un problème majeur de santé publique. Il peut aussi provoquer des infections chroniques et entraîne un risque important de décès par cirrhose ou cancer du foie pour les personnes exposées.
Il existe néanmoins un vaccin sûr et efficace, procurant une protection de 98 à 100 % contre la maladie. Prévenir l’hépatite B permet d’éviter les complications que cette pathologie est susceptible d’entraîner, notamment l’apparition d’une forme chronique ou d’un cancer du foie.
Répartition géographique
La charge d’infection par le virus de l’hépatite B est la plus élevée dans la Région du Pacifique occidental et la Région africaine, où respectivement 116 millions et 81 millions de personnes sont infectées de façon chronique. Dans la Région de la Méditerranée orientale, on estime que 60 millions de personnes vivent avec une hépatite B chronique. La charge d’infection est moindre dans la Région de l’Asie du Sud-Est, la Région européenne et la Région des Amériques, où l’on estime que respectivement 18 millions, 14 millions et 5 millions de personnes sont infectées de façon chronique.
Transmission
Dans les zones de forte endémie, l’hépatite B se propage le plus souvent de la mère à l’enfant lors de la naissance (transmission périnatale) ou selon un mode de transmission horizontal (exposition à du sang infecté), notamment entre un enfant infecté et un enfant non contaminé, pendant les cinq premières années de vie. L’apparition d’une infection chronique est très fréquente chez les nourrissons infectés par leur mère ou avant l’âge de 5 ans.
L’hépatite B se transmet aussi par les piqûres d’aiguilles, les tatouages, les piercings et l’exposition à du sang ou à des liquides biologiques infectés comme la salive, les écoulements menstruels, les sécrétions vaginales ou le liquide séminal. Le virus peut aussi se transmettre lors de la réutilisation d’aiguilles, de seringues ou d’objets tranchants ou piquants contaminés dans les établissements de soin, dans les communautés ou chez les consommateurs de drogues injectables. Des infections peuvent survenir au cours d’interventions médicales, chirurgicales ou dentaires ou encore lors de l’utilisation de rasoirs ou d’objets similaires contaminés par du sang infecté. De plus, l’hépatite B peut se transmettre par voie sexuelle, en particulier chez les personnes non vaccinées ayant plusieurs partenaires sexuels.
Chez l’adulte, une infection par le virus de l’hépatite B débouche sur une hépatite chronique dans moins de 5 % des cas, tandis que chez les nourrissons et les jeunes enfants, elle provoque l’apparition d’une forme chronique de la maladie dans environ 95 % des cas. Le virus de l’hépatite B peut survivre à l’extérieur du corps pendant 7 jours au moins. Au cours de cette période, il peut encore provoquer une infection s’il pénètre dans l’organisme d’une personne non protégée par le vaccin. La période d’incubation de ce virus est de 75 jours en moyenne, mais peut varier de 30 à 180 jours. Ce virus est détectable sur une durée allant de 30 jours à 60 jours après l’infection, et persister dans l’organisme en donnant lieu à une hépatite B chronique, en particulier lorsque la transmission se fait en bas âge ou dans l’enfance.
Symptômes
La plupart des individus nouvellement infectés ne manifestent aucun symptôme. Néanmoins, certaines personnes présentent une affection aiguë, avec des symptômes qui persistent sur plusieurs semaines, notamment un jaunissement de la peau et des yeux (ictère), une coloration sombre des urines, une fatigue extrême, des nausées, des vomissements et des douleurs abdominales. Un groupe plus restreint d’individus atteints d’une hépatite aiguë peut évoluer vers une insuffisance hépatique aiguë, susceptible d’entraîner la mort.
Le virus de l’hépatite B peut aussi provoquer une infection chronique du foie, susceptible d’évoluer ultérieurement en cirrhose (foie cicatriciel) ou en cancer hépatique.
Quelles sont les personnes risquant de contracter une maladie chronique ?
La probabilité qu’une infection devienne chronique dépend de l’âge auquel la personne a été infectée. Ce sont les enfants infectés par le virus de l’hépatite B avant l’âge de 6 ans qui risquent le plus de développer une infection chronique.
Chez les enfants et les nourrissons : 80 à 90% des nourrissons infectés pendant la première année de vie présentent par la suite une infection chronique ; et 30 à 50% des enfants infectés avant l’âge de 6 ans sont dans le même cas.
Chez les adultes, moins de 5% des personnes, par ailleurs en bonne santé, infectées à l’âge adulte, présenteront par la suite une infection chronique ; et 20 à 30% des adultes atteints d’une infection chronique présenteront par la suite une cirrhose et/ou un cancer du foie.
Environ 1% des personnes vivant avec le VHB (soit 2,7 millions d’individus) sont aussi infectées par le VIH. À l’inverse, la prévalence mondiale de l’infection par le VHB chez les personnes également infectées par le VIH est de 7,4%. Depuis 2015, l’OMS recommande de traiter chaque personne diagnostiquée porteuse du VIH, quel que soit le stade de la maladie. Le ténofovir, inclus dans les combinaisons thérapeutiques préconisées comme traitement de première intention des infections à VIH, est également efficace contre le VHB.
Prévention
La prévention de l’hépatite B passe avant tout par le vaccin. L’OMS recommande qu’il soit administré à tous les nourrissons dès que possible après la naissance, de préférence dans les 24 heures, deux ou trois doses étant ensuite données à au moins quatre semaines d’intervalle pour compléter la série. L’administration d’une dose rapidement après la naissance est une mesure efficace pour réduire la transmission de la mère à l’enfant.
D’après les dernières estimations de l’OMS, la part des enfants de moins de 5 ans présentant une infection chronique par le VHB est passée, à l’échelle mondiale, d’environ 5% à l’ère pré-vaccinale (période allant des années 1980 au début des années 2000) à un peu moins de 1% en 2019.
Cette étape marque la réalisation de l’une des cibles des objectifs de développement durable relative à l’élimination de l’hépatite virale, à savoir ramener la prévalence de l’infection par le VHB chez les enfants de moins de 5 ans à moins de 1% à l’horizon 2020. Cet objectif a été atteint dans les différentes régions, à l’exception de l’Afrique subsaharienne.
Le renforcement de la vaccination contre l’hépatite B au cours des 20 dernières années partout dans le monde est l’un des grands succès de la santé publique et a contribué à réduire les infections par le VHB dans la population enfantine.
En 2019, la couverture des 3 doses du vaccin s’est établie à 85% à l’échelle mondiale, contre environ 30% en 2000. Cependant, la couverture de la dose administrée à la naissance reste inégale. Elle est, par exemple, de 43% au niveau mondial, mais de seulement 6 % dans la Région africaine de l’OMS.
La série vaccinale complète induit la constitution de titres d’anticorps protecteurs chez plus de 95% des nourrissons, des enfants et des jeunes adultes. La protection acquise dure au moins 20 ans et probablement toute la vie. Ainsi, l’OMS ne préconise pas de dose de rappel pour les personnes ayant reçu le schéma de vaccination complet en 3 doses.
Tous les enfants et les adolescents de moins de 18 ans non vaccinés antérieurement devront recevoir le vaccin s’ils vivent dans des pays où l’hépatite B est faiblement ou moyennement endémique. Dans ces pays, il est possible que les membres des groupes à haut risque soient plus nombreux à contracter l’infection et ces groupes devront aussi être vaccinés. Il s’agit en l’occurrence : des personnes qui ont fréquemment besoin de sang ou de produits sanguins, des patients sous dialyse et des bénéficiaires d’une transplantation d’un organe solide ; des personnes incarcérées ; des consommateurs de drogues injectables ; des contacts domestiques et sexuels des porteurs d’une infection chronique par le VHB ; des personnes ayant des partenaires sexuels multiples ; du personnel soignant et d’autres agents susceptibles d’être exposés à du sang ou à des produits sanguins dans l’exercice de leur travail ; et des voyageurs n’ayant pas reçu une série vaccinale complète contre le VHB qui devront se voir proposer une vaccination complémentaire avant de rejoindre des zones d’endémie.
Le vaccin a enregistré d’excellents résultats en termes d’innocuité et d’efficacité et la part des enfants de moins de 5 ans présentant une infection chronique par le VHB est passée d’environ 5% à l’ère pré-vaccinale (période allant des années 1980 au début des années 2000) à un peu moins de 1% en 2019.
En plus de la vaccination infantile, y compris une dose de naissance en temps voulu, l’OMS recommande la prophylaxie antivirale pour prévenir la transmission de l’hépatite B de la mère à l’enfant. Les femmes enceintes chez qui sont observées des concentrations élevées d’ADN du VHB (charge virale) et/ou la présence de l’antigène HBe présentent un risque élevé de transmettre le virus à leur enfant, même chez les nourrissons qui reçoivent la dose de naissance en temps opportun et la série complète de vaccins contre l’hépatite B. À ce titre, les femmes enceintes ayant des concentrations élevées d’ADN du VHB peuvent répondre aux conditions pour une prophylaxie antivirale pendant la grossesse afin de prévenir l’infection périnatale par le VHB et de protéger leurs nourrissons contre la maladie.
Outre la vaccination des nourrissons et la prévention de la transmission de la mère à l’enfant, la mise en œuvre de stratégies en faveur de la sécurité transfusionnelle, comprenant notamment le dépistage de tous les dons de sang et des composants sanguins destinés à la transfusion, peut contribuer à prévenir la transmission du VHB. Si en 2013, à l’échelle mondiale, 97% des dons de sang avaient été analysés et pouvaient être considérés comme de qualité garantie, des lacunes persistent dans le contrôle des dons. La mise en œuvre des pratiques d’injection sans risque en éliminant les injections inutiles ou à risque peut constituer une stratégie de prévention efficace contre la transmission du VHB. Le nombre d’injections à risque a régressé de 39% en 2000 à 5% en 2010, dans l’ensemble du monde. En outre, l’application de pratiques sexuelles à moindre risque, supposant notamment de limiter le nombre de partenaires et de recourir à des protections de type barrière (préservatifs) contribue également à prévenir la transmission.
Source : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/hepatitis-b
Encadré 2
Hépatite C
Les faits à retenir !
L’hépatite C est une inflammation du foie causée par un virus, le VHC. Le virus peut être à l'origine d'une hépatite aiguë et chronique, allant d'une forme bénigne à sévère, et peut provoquer des maladies à vie telles qu'une cirrhose et le cancer du foie.
Le virus de l’hépatite C est transmis par le sang et la plupart des infections ont lieu par l’exposition à celui-ci lors de pratiques d’injection à risque, de soins de santé à risque, de la transfusion de sang et de produits sanguins n’ayant pas fait l’objet d’un dépistage, de la consommation de drogues injectables ou de pratiques sexuelles entraînant une exposition au sang.
À l’échelle mondiale, on estime que 58 millions d’individus sont porteurs chroniques de l’hépatite C, avec 1,5 million de nouvelles infections par an. L’OMS estime qu’en 2019, environ 290 000 personnes sont mortes d’une hépatite C, le plus souvent des suites d’une cirrhose ou d’un carcinome hépatocellulaire (cancer primitif du foie).
Des médicaments antiviraux permettent de guérir plus de 95% des personnes infectées par le virus de l’hépatite C, mais l’accès au diagnostic et au traitement est limité. Actuellement, il n’existe pas de vaccin efficace contre l’hépatite C.
Le virus de l’hépatite C (VHC) peut provoquer aussi bien des inflammations aiguës que chroniques du foie. Les infections aiguës par le VHC sont habituellement asymptomatiques et la plupart n’entraînent pas de maladie potentiellement mortelle. Environ 30 % (15 à 45 %) des personnes infectées se débarrassent spontanément du virus dans les 6 mois qui suivent l’infection sans recevoir aucun traitement.
Pour les 70 % restants (55 à 85 %) des personnes infectées, l’infection évoluera vers la forme chronique de la maladie. Parmi ces malades chroniques, le risque de cirrhose du foie est de 15 à 30 % sur une période de 20 ans.
Répartition géographique
La charge d’infection par le virus de l’hépatite C est variable et concerne toutes les Régions de l’OMS. Pour la Région de la Méditerranée orientale et la Région européenne, on estime la charge de morbidité à 12 millions de personnes dans chacune d’elles. Dans la Région de l’Asie du Sud-Est et la Région du Pacifique occidental, on estime que 10 millions de personnes ont une infection chronique, chiffres qui s’élèveraient à 9 et 5 millions respectivement pour la Région de l’Afrique et la Région des Amériques.
Transmission
Le virus de l’hépatite C est transmis par le sang. Cette transmission s’opère le plus souvent par : la réutilisation ou la stérilisation incomplète du matériel médical, en particulier des seringues et des aiguilles, en milieu de soins ; la transfusion de sang et de produits sanguins n’ayant pas fait l’objet d’un dépistage ; la consommation de drogues injectables avec partage du matériel d’injection.
Le VHC peut également se transmettre d’une mère infectée à son bébé, ainsi que par des pratiques sexuelles qui entraînent une exposition au sang (par exemple, les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels et chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes). Cependant, ces modes de transmission sont plus rares.
L’hépatite C ne se transmet pas par le lait maternel, les aliments, l’eau ou par un contact occasionnel comme une étreinte ou une embrassade, ou encore par le partage d’aliments ou de boissons avec une personne infectée. L’OMS estime qu’en 2019, il y a eu 1,5 million de nouvelles infections par le VHC dans le monde.
Symptômes
La période d’incubation pour l’hépatite C va de 2 semaines à 6 mois. Après l’infection initiale, 80% environ des individus sont asymptomatiques. Les personnes atteintes d’une forme aiguë peuvent présenter certains des symptômes suivants : fièvre, fatigue, manque d’appétit, nausées, vomissements, douleurs abdominales, coloration plus sombre des urines, coloration claire des selles, douleurs articulaires et ictère (jaunissement de la peau et du blanc des yeux).
Dépistage et diagnostic
Les nouvelles infections par le virus de l’hépatite C étant habituellement asymptomatiques, peu de personnes sont diagnostiquées lorsque leur infection est encore récente. Chez celles dont l’infection évolue vers une hépatite C chronique, celle-ci échappe souvent au diagnostic, car elle reste asymptomatique pendant des décennies avant que n’apparaissent des symptômes résultant d’une lésion hépatique grave.
L’infection par le VHC est diagnostiquée en deux étapes : le dépistage des anticorps dirigés contre le VHC par un test sérologique permet d’identifier les personnes qui ont été infectées par le virus ; si ce test est positif pour les anticorps de l’hépatite C, un test d’amplification des acides nucléiques (TAN) pour l’acide ribonucléique (ARN) du VHC est nécessaire pour confirmer l’infection chronique. En effet, 30% des personnes infectées par le VHC évacuent spontanément cette infection grâce à une forte réponse immunitaire, sans nécessiter de traitement. Bien qu’elles ne soient plus infectées, ces personnes continuent de donner un résultat positif aux tests destinés à détecter la présence d’anticorps anti-VHC.
Une fois qu’on a diagnostiqué une infection chronique par le VHC chez quelqu’un, il faut évaluer le degré d’atteinte hépatique (fibrose ou cirrhose), ce qui peut se faire par une biopsie ou par divers tests non invasifs. Le degré d’atteinte du foie permet de guider les décisions thérapeutiques et la prise en charge de la maladie.
Dépistage
Le diagnostic précoce permet d’empêcher les problèmes de santé qui pourraient découler de l’infection et de prévenir la transmission du virus. L’OMS recommande le dépistage des personnes potentiellement exposées à un risque d’infection accru, à savoir : les consommateurs de drogues injectables ; les personnes détenues en prison et dans d’autres milieux fermés ; les consommateurs de drogues utilisant d’autres voies d’administration que l’injection ; les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes ; les personnes ayant reçu des produits sanguins infectés ou ayant fait l’objet d’actes invasifs dans des établissements de soins où les pratiques de lutte contre l’infection sont insuffisantes ; les enfants nés de mères infectées par le VHC ; les personnes infectées par le VIH ; les anciens prisonniers ou les personnes ayant été incarcérées dans le passé ; les personnes qui portent des tatouages ou des piercings.
Dans les contextes où la séroprévalence des anticorps anti-VHC est élevée dans la population générale (une séroprévalence élevée étant définie comme >2 % ou >5 %), l’OMS recommande de donner accès au dépistage du VHC à tous les adultes et de leur proposer ce test en lien avec les services de prévention, de prise en charge et de traitement.
Parmi les 37 millions de personnes dans le monde qui vivent avec le VIH selon les estimations, 2,3 millions (6,2 %) ont subi des examens sérologiques révélant une infection passée ou actuelle par le VHC. Les affections hépatiques chroniques sont une cause majeure de morbidité et de mortalité dans le monde chez les personnes co-infectées par le VIH et le VHC.
Prévention primaire
Il n’existe pas de vaccin efficace contre l’hépatite C, c’est pourquoi la prévention de l’infection par le VHC passe par la réduction du risque d’exposition à ce virus dans les lieux de soins et parmi les populations à plus haut risque, comme les consommateurs de drogues injectables et les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, notamment des hommes infectés par le VIH ou prenant un traitement prophylactique préexposition contre ce virus.
Voici quelques exemples d’interventions de prévention primaire préconisées par l’OMS : le recours à des injections sans risque et appropriées dans le cadre des soins ; la manipulation et l’élimination sans risque des objets tranchants ou piquants et des déchets ; la mise à disposition des consommateurs de drogues injectables de services complets de réduction des risques liés aux injections et notamment de matériel d’injection stérile et de traitements contre la dépendance qui soient efficaces et reposent sur des données probantes ; le dépistage des dons de sang pour les hépatites C et B (ainsi que pour le VIH et la syphilis) ; la formation du personnel de santé ; la prévention des expositions au sang lors des rapports sexuels.
Prévention secondaire
S’agissant des personnes infectées par le virus de l’hépatite C, l’OMS recommande de : les informer des possibilités de soins et de traitement et de les conseiller ; les vacciner contre les hépatites A et B pour prévenir une co-infection par les virus correspondants et protéger leur foie ; les prendre en charge médicalement à un stade précoce et de manière appropriée, notamment par un traitement antiviral le cas échéant ; les soumettre à un suivi régulier pour diagnostiquer précocement une éventuelle maladie hépatique chronique.
Source : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/hepatitis-c