L’Association nationale des entreprises semencières du Burkina Faso (ANES-BF), en collaboration avec le Forum ouvert sur la biotechnologie agricole (OFAB) et l’Association africaine du commerce des semences (AFSTA), a organisé, le 25 août 2018, un atelier d’échanges au profit des entreprises semencières. A cette rencontre, il s’est agi essentiellement de discuter de l’impact des biotechnologies sur le développement du secteur semencier burkinabè.
A l’entame de cet atelier, Daniel Aghan, représentant de l’Association africaine du commerce des semences (AFSTA), a présenté une communication sur la part de marché de l’Afrique dans le commerce mondial des semences et le rôle de son organisation. Il ressort de son exposé que l’Afrique joue un rôle mineur dans le commerce mondial des semences avec un taux inférieur à 2%. Selon lui, cette situation s’explique par la fragmentation du système semencier africain, les politiques agricoles inadaptées, les normes, les réglementations et les procédures incohérentes, les coûts élevés d’enregistrement des nouvelles variétés, les infrastructures inadéquates pour soutenir le développement de l’industrie des semences. Au regard de cette problématique, l’AFSTA contribue, depuis quelques années, à sensibiliser les entreprises et les institutions semencières au processus de développement des semences biotechnologiques, aux organismes génétiquement modifiés (OGM), à la réglementation sur ces technologies et la biosécurité.
Ensuite, il s’est agi de présenter les biotechnologies agricoles et les différentes innovations biotechnologiques, la réglementation semencière et la biosécurité. Ce volet a enregistré plusieurs exposés. Le premier, présenté par Dr Valentin Edgar Traoré, Coordonnateur d’OFAB-Burkina, a porté sur les biotechnologies modernes en agriculture. Dans sa communication, il ressort que l’homme a toujours utilisé les produits de la biotechnologie depuis 4 000 ans. De façon empirique, il s’agit notamment de la bière, du pain, du lait, du fromage, du cuir, du papier, du textile. La méthode la plus utilisée, jusqu’à ce jour, reste la fermentation. Il s’agit là de biotechnologies classiques. Mais il y a aussi les biotechnologies modernes incluant les organismes génétiquement modifiés (OGM). Ensuite, il a présenté les avantages de la biotechnologie pour l’amélioration variétale, une application de la biotechnologie agricole moderne (coton Bt), les chercheurs qui ont travaillé sur la génétique et l’ADN, etc.
Le second, fait par Dr Oumar Traoré de l’Agence Nationale de Biosécurité (ANB), explique la réglementation en matière de biotechnologie. Sur le plan national, en effet, il y a la loi n°064-2012/AN du 20 décembre 2012 portant régime de sécurité en matière de biotechnologie. Cette loi, selon le chercheur, conformément au Protocole de Cartagena et son protocole additionnel de Nagoya Kuala-Lumpur, permet de veiller à l’application des règles d’évaluation, de gestion, d’information et de contrôle des risques inhérents à l’utilisation, la dissémination, les mouvements transfrontaliers des OGM susceptibles d’avoir des effets néfastes sur l’environnement, la santé humaine et animale et qui affectent la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité biologique ; de veiller à la sécurité lors de toute activité avec les OGM : mise au point, utilisation (expérimentation, production, stockage, distribution, importation, exportation, destruction) ; d’examiner et d’autoriser les demandes pour la mise au point, l’utilisation et les mouvements transfrontaliers (milieu confiné/recherche, environnement, production, commercialisation). Il conclut en invitant les chercheurs à travailler dans les règles de l’art en termes de biosécurité afin d’éviter tout discrédit sur les produits biotechnologiques.
Enfin, les deux dernières présentations, faites respectivement par Dr Koussao Somé et Hamadou Sidibé, ont porté sur « l’importance des biotechnologies pour les plantes à racines et les tubercules » et « la contribution des biotechnologies à la création variétale : cas du niébé Bt ». Selon Dr Koussao Somé, il existe de nombreuses contraintes liées à la semence (un secteur semencier embryonnaire et mal organisé, les maladies et les ravageurs, la qualité de la semence, le ratio de multiplication et les semences humides difficiles à conserver). Il a par ailleurs parlé des applications des biotechnologies pour les plantes à racines et les tubercules, des avantages de la biotechnologie pour le système semencier, des avantages de la micropropagation. Quant à Hamadou Sidibé, Ingénieur de recherches à l’INERA, il a fait cas du processus d’expérimentation du niébé Bt dans les stations de recherches de l’INERA. Selon lui les études sont en cours.
L’avant-dernier acte a consisté à la présentation d’Aflasafe, un engrais bio ayant des propriétés de biopesticide pour le traitement de l’arachide et du maïs. Ce produit permet de lutter contre les aflatoxines qui sont des métaboliques très toxiques produits par les champignons Aspergillus flavus, A. parasiticus et A. nomius. Enfin, il y a eu les discussions avec les entreprises semencières, qui ont permis, une fois de plus, d’exposer leurs préoccupations. Après des débats passionnants et riches, elles trouvent des réponses à leurs inquiétudes. Tout le monde est reparti satisfait.
Jean-Yves Nébié