On estime que 1,3 milliard de personnes, soit 1 personne sur 6 dans le monde, sont atteintes d’un handicap important. Certaines personnes handicapées meurent jusqu’à 20 ans plus tôt que des personnes non handicapées. Les personnes handicapées sont deux fois plus exposées au risque de développer des troubles et des maladies telles que la dépression, l’asthme, le diabète, les accidents vasculaires cérébraux, l’obésité ou une mauvaise santé buccodentaire. Il est jusqu’à six fois plus difficile pour les personnes handicapées de se rendre dans des établissements de santé ne prévoyant pas les aménagements nécessaires du point de vue de l’accessibilité. Il est 15 fois plus difficile pour les personnes handicapées que pour les personnes non handicapées d’accéder à des transports inabordables ou ne prévoyant pas les aménagements nécessaires du point de vue de l’accessibilité. Les inégalités en matière de santé découlent des conditions injustes auxquelles font face les personnes handicapées, ce qui inclut la stigmatisation, la discrimination, la pauvreté, l’exclusion du système éducatif et de l’emploi, et les obstacles rencontrés au sein du système de santé lui-même.
Le handicap est un aspect de la condition humaine et fait partie intégrante de l’expérience humaine. Il résulte de l’interaction entre des problèmes de santé tels que la démence, la cécité ou des lésions de la moelle épinière, et toute une série de facteurs environnementaux et personnels. On estime aujourd’hui que 1,3 milliard de personnes – soit 16% de la population mondiale – sont atteintes d’un handicap important. Ce nombre est en augmentation en raison de la hausse du nombre de maladies non transmissibles et de l’allongement de la durée de vie. Les personnes handicapées forment un groupe hétérogène, et des facteurs tels que le sexe, l’âge, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, la religion, la race, l’appartenance ethnique et la situation économique de ces personnes influent sur leurs expériences de vie et leurs besoins en matière de santé. Les personnes handicapées meurent plus tôt, présentent un moins bon état de santé et sont davantage limitées dans leur fonctionnement quotidien que les autres.
Facteurs contribuant aux inégalités en matière de santé
Les inégalités en matière de santé découlent des conditions injustes auxquelles font face les personnes handicapées.
Facteurs structurels : les personnes handicapées sont victimes de capacitisme, de stigmatisation et de discrimination dans tous les domaines de leur vie, ce qui nuit à leur santé physique et mentale. Les lois et les politiques peuvent les priver du droit de prendre leurs propres décisions et autoriser toute une série de pratiques néfastes en matière de santé, telles que la stérilisation forcée, l’hospitalisation et l’administration d’un traitement sans consentement préalable, et même le placement en institution.
Déterminants sociaux de la santé : en raison de la pauvreté, de l’exclusion du système éducatif et de l’emploi et de mauvaises conditions de vie, les personnes handicapées sont exposées à un risque accru d’être en mauvaise santé et de voir leurs besoins en matière de soins de santé non satisfaits. Du fait de l’insuffisance des mécanismes officiels de soutien social, les personnes handicapées sont par ailleurs tributaires du soutien des membres de leur famille pour participer à des activités dans le domaine de la santé et au niveau local, ce qui les désavantage, et désavantage également leurs aidants (qui sont principalement des femmes et des filles).
Facteurs de risque : les personnes handicapées sont plus susceptibles de présenter des facteurs de risque de maladies non transmissibles – tabagisme, mauvaise alimentation, consommation d’alcool et manque d’activité physique, par exemple. L’une des principales raisons en est qu’elles sont souvent exclues des interventions de santé publique.
Système de santé : les personnes handicapées sont confrontées à des obstacles à tous les niveaux du système de santé. Le manque de connaissances, les attitudes négatives et les pratiques discriminatoires parmi les agents de santé ; le manque d’accessibilité des établissements de santé et de l’information ; et le manque de renseignements, de données recueillies et d’analyses menées sur le handicap, par exemple, contribuent tous à alimenter les inégalités en matière de santé auxquelles ce groupe est confronté.
Cadres internationaux
Les pays sont tenus, en vertu du droit international des droits de l’homme et, dans certains cas, des lois nationales, de s’attaquer aux inégalités en matière de santé auxquelles sont confrontées les personnes handicapées. Deux grands cadres internationaux ont trait à l’équité en santé pour les personnes handicapées.
Au titre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, les États Parties sont tenus de garantir que les personnes handicapées ont accès à des services de santé gratuits ou d’un coût abordable couvrant la même gamme et de la même qualité que ceux offerts aux autres personnes.
Dans la résolution WHA74.8 sur le meilleur état de santé que les personnes handicapées sont capables d’atteindre, l’Assemblée mondiale de la Santé appelle les États Membres à veiller à ce que les personnes handicapées bénéficient de services de santé efficaces dans le cadre de la couverture sanitaire universelle ; de l’égalité de protection en cas de situation d’urgence ; ainsi que de l’égalité d’accès aux interventions intersectorielles de santé publique.
Atteindre l’objectif de la santé pour tous
Il est essentiel de prendre en compte la question du handicap pour parvenir à la réalisation des objectifs de développement durable et des priorités mondiales en matière de santé, de sorte à concrétiser l’objectif de la santé pour tous.
On ne pourra atteindre la couverture sanitaire universelle si les personnes handicapées ne bénéficient pas de services de santé de qualité dans des conditions d’égalité avec les autres personnes. Faire en sorte que les personnes handicapées aient accès à la couverture sanitaire universelle profitera non seulement aux individus, mais aussi aux communautés.
Il pourrait y avoir un retour de près de 10 dollars des États-Unis pour chaque dollar investi dans la prévention et la prise en charge des maladies non transmissibles tenant compte du handicap.
Les personnes handicapées doivent être prises en compte lors de la prévention des urgences sanitaires et de la riposte à celles-ci, car elles sont plus susceptibles d’être touchées, directement et indirectement. Lors de la pandémie de COVID-19 par exemple, les personnes handicapées vivant en institution ont été coupées du reste de la société, des informations faisaient état de résidents surmédicamentés, sous sédatif ou enfermés, et des cas de comportements auto-agressifs ont été rapportés (1).
Au cours de cette pandémie, des taux de mortalité plus élevés ont été enregistrés chez les personnes ayant un handicap intellectuel (2), qui sont par ailleurs moins susceptibles de bénéficier de services de soins intensifs (3).
Il ne sera possible d’améliorer la santé des populations – en veillant à la qualité de l’air et de l’eau, à la sécurité routière, à la nutrition des enfants et à la lutte contre la violence à l’égard des femmes – que si les interventions de santé publique destinées à l’ensemble de la population tiennent compte des besoins, des compétences et des capacités des personnes handicapées.
Les femmes handicapées sont 2 à 4 fois plus exposées au risque de subir des violences au sein du couple que celles qui n’ont pas de handicap (4).
Le Rapport de l’OMS sur l’équité en santé pour les personnes handicapées décrit 40 mesures clés que les pays doivent adopter pour renforcer leur système de santé et réduire les inégalités en matière de santé auxquelles font face les personnes handicapées. Il existe trois initiatives que tous les gouvernements et partenaires du secteur de la santé peuvent prendre. Premièrement, ils doivent tenir compte du besoin de garantir aux personnes handicapées l’équité en santé dans le cadre de toutes les actions du secteur de la santé. Deuxièmement, ils peuvent associer les personnes handicapées à la prise de décisions. Troisièmement, ils peuvent contrôler la façon dont le contact est établi avec les personnes handicapées, de même que la façon dont ces personnes bénéficient des actions du secteur de la santé.
Source : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/disability-and-health
Références bibliographiques
(1) Brennan, C.S., Disability Rights During the Pandemic : A Global Report on Findings of the COVID-19 Disability Rights Monitor. 2020, COVID-19 Disability Rights Monitor.
(2) Williamson, E.J., et al., Risks of COVID-19 hospital admission and death for people with learning disability : population based cohort study using the OpenSAFELY platform. BMJ, 2021. 374 : p. n1592.
(3) Baksh, R.A., et al., Understanding inequalities in COVID-19 outcomes following hospital admission for people with intellectual disability compared to the general population : a matched cohort study in the UK. BMJ Open, 2021. 11(10) : p. e052482.
(4) Dunkle, K., et al., Disability and violence against women and girls. 2018, UKaid : London.