Le Rendez-vous du Coton Bio s'est tenu, le 23 mars 2024, à la Patte d'Oie à Ouagadougou. Au cours de cette rencontre, les acteurs de la filière étaient réunis pour célébrer le coton bio africain et sa transformation locale.
Selon Jan Henrik Meise, qui a livré le message de l’Ambassadeur de la République Fédérale d’Allemagne auprès du Burkina Faso, cette initiative de la Coalition pour la transformation du coton bio (CTCB) est à saluer.
La production du coton biologique, coton écologique et durable, lancée au Burkina Faso depuis une vingtaine d’années, avec une moyenne annuelle estimée à 1500 tonnes sur les dernières campagnes agricoles, est aussi à féliciter. « La transformation locale de coton biologique est un moteur de la création d’emplois surtout pour les femmes. Elle contribue fortement à la valorisation de la matière première. Ce que je pense aussi être un fait marquant est que le Burkina Faso est le seul pays dans la sous-région qui dispose de toute une filière de la transformation de coton biologique en 5 étapes : Un coton fibre certifié, une usine d’égrenage certifiée, une filature de haute qualité équipée avec les machines les plus récentes, une usine de production et un savoir-faire artisanal qui emploie des dizaines de milliers d’artisans dont la majorité sont des femmes », a-t-il déclaré.
Une demande croissante
Ces dernières années, grâce au travail des acteurs comme la CTCB, de plus en plus d’artisans sont passés au filage du coton biologique. Et la demande est toujours croissante.
« En 2022, la demande du fil bio est montée de 30 tonnes de coton biologique. Cela ne représente peut-être que 3 ou 5% de la production du coton bio pour l’instant, mais je pense que c’est déjà un pas important dans la bonne direction. Le projet pour le coton de la Coopération allemande a accompagné la production du coton bio au Burkina Faso ces dernières années. Le projet a travaillé en étroite collaboration avec l’UNPCB à travers la promotion de bonnes pratiques agricoles visant l’augmentation des rendements et la fertilité des sols », a-t-il ajouté.
Pour Nils Chaplet, président de la Coalition pour la transformation du coton bio (CTBC), la mobilisation des acteurs de la filière qui ont participé aux nombreuses activités.
« Nous avons eu des panels de discussions très intéressants avec tous les acteurs de la coalition qui ont présenté les raisons de leur intérêt pour le coton bio et pour sa transformation ici. Et avec ces acteurs clés, on peut se satisfaire des développements qu’on arrive à faire ensemble », s’est-il réjoui, rappelant que la mission première de la Coalition est de garantir l’approvisionnement de la matière première.
À ce titre, la Coalition leur a permis de bénéficier, avec l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) et avec la société Filature du Sahel (FILSAH), de matières premières, en rassemblant les commandes.
« Cela s’est avéré positif puisque nous avons augmenté la quantité de fil qu’on commande et nous avons à présent un stock disponible pour continuer à travailler. C’est le succès principal. Ensuite, nous avons fait l’inventaire des progrès depuis la première édition, avec beaucoup de formations grâce notamment à l’accompagnement, du fait de notre union, de la Coopération allemande. Leur subvention a permis de perfectionner les talents de nos acteurs dans le domaine de la teinture naturelle notamment avec d’excellentes formations avec Doumbia, maître du bogolan et de la teinture naturelle ; nous avons eu des formations en couture avec Emile Nikiéma qui fait maintenant partie de la Coalition parce qu’on fait avec lui des tee-shirts bio de haute qualité, les premiers du Burkina Faso ; Il y a aussi les métiers à tisser solaires qui vont réduire la pénibilité du travail du tisserand et augmenter la productivité pour un résultat équivalent. Le patronage digital va permettre de faire des patrons très rigoureux pour faire du prêt-à-porter selon des standards. À l’avenir, on pourra rêver de commandes plus variées et plus précises. Nous avons identifié les défis qui restent à relever principalement la qualité de la teinture certifiée GOTS dont on a besoin pour travailler de manière écologique efficacement », a-t-il souligné.
Aussi pour le président de la CTBC, il ne faut pas arrêter de travailler car le coton bio reste une filière débutante au Burkina Faso. Il a souhaité que beaucoup plus de Burkinabè, et d’Africains en général, s’intéressent à la valorisation de cette qualité de textile pour s’habiller et pour banaliser cette philosophie de s’acheter des produits qui ne font pas de mal ni à la nature ni aux gens qui les travaillent.
Des producteurs se sont exprimés
Tamouti Yaro de Bagassi, producteur de coton bio, s’adonne exclusivement à la culture du coton bio depuis huit (8) ans, plus rentable et moins éprouvant selon lui. Il a récolté plus de 4 tonnes et demi la campagne précédente. Pour lui, le coton bio est plus bénéfique. Après deux ans d’essai, il a abandonné la culture du coton conventionnel au profit du coton bio.
Lassena Toé, de la Cotonneraie bio de Loumbila, expérimente, quant à lui, le coton arbre. Il fait la culture du coton arbre sur 17000 m2. « Nous avons des pépinières à Loumbila, jusqu’à 1500 plants qu’il faut arroser et faire grandir. Le coton bio est de qualité, il est vraiment doux. Nous sommes à notre première année et nous commençons notre aventure dans le coton arbre. Nous n’en connaissons pas encore toutes les perspectives », a-t-il fait dit.
Par ailleurs, le Rendez-vous du Coton Bio a débuté par une conférence sur le potentiel de la transformation du coton bio. L’UNPCB, SECOBIO, FILSAH et COTEXA ont présenté des éléments structurels du coton bio. Un échange sur la question de la production au champ avec des membres de l’UNPCB a également eu lieu lors de cette journée dédiée au coton bio.
Du reste, les participants ont eu droit à des démonstrations de transformation (teinture naturelle, tissage, patronage digital). La deuxième édition du Rendez-vous du Coton Bio a refermé ses portes en mode et en musique.
Abrandi Arthur Liliou