L’Institut national de santé publique (INSP) et l’Agence nationale pour la sécurité sanitaire de l’environnement, de l’alimentation, du travail et des produits de santé (ANSSEAT) ont procédé, le 04 juin 2024, à l'inauguration des nouvelles plateformes du Laboratoire central de référence (LCR), suivi d'un mini-symposium sur la surveillance génomique dans une approche One Health, sous le thème : « Application du séquençage de nouvelle génération par la technologie Illumina en santé publique pour la prévention et le contrôle des pathogènes émergents ».
Selon Pr Élie Kabré, Directeur général de l’Agence nationale pour la sécurité sanitaire de l’environnement, de l’alimentation, du travail et des produits de santé (ANSSEAT), les nouveaux locaux et les installations techniques du Laboratoire central de référence (LCR) sont le fruit d'une collaboration fructueuse avec l'Institut national de santé publique (INSP).
« Il s'agit là d'un partenariat réussi entre deux structures du ministère de la Santé. Quand on connaît les missions qui sont les nôtres, on comprend aisément pourquoi nous avons accepté d'accueillir les locaux du Laboratoire central de référence. C'est une plateforme qui va aider au séquençage du génome des virus. Et son activité sera nationale. Pour une agence comme la nôtre, il est très important de l'abriter », a-t-il affirmé.
Le Burkina Faso continue de se préparer à affronter les épidémies et les pandémies
Pour Dr Robert Kargougou, ministre de la Santé et de l'Hygiène publique, ce laboratoire arrive à point.
« L'inauguration de ce laboratoire montre que le Burkina Faso continue de se préparer à affronter les éventuels épidémies et pandémies qui ne manqueront malheureusement pas de survenir. C'est pour cela, dans le cadre des missions du Laboratoire central de référence, nous lançons les activités de la Biobanque. Elle a pour vocation de centraliser l'ensemble des ressources biologiques dans des conditions de haute sécurité, car, actuellement au Burkina Faso, ce sont les différents laboratoires de référence qui concentrent en eux les ressources dans des conditions de sécurité qui ne sont pas optimales. En décidant de centraliser toutes ces ressources biologiques au sein de la Biobanque nationale du LCR, nous parviendrons à conserver ces ressources dans des conditions de sécurité optimale. L'autre aspect, c'est la surveillance génomique. C'est une surveillance de dernière génération qui permet, avec des personnes hautement qualifiées et des équipements de pointe, d'aller vers un séquençage des différents pathogènes », a-t-il indiqué.
Quant à Pr Isidore Bonkoungou, Directeur technique du LCR, il a guidé la visite des locaux et des équipements.
« Ce laboratoire nous offre des plateaux techniques de nouvelles générations, comme ceux utilisés dans les pays développés, pour faire face aux épidémies et pandémies à venir, en termes de préparation, de riposte et de détection. C'est extrêmement important pour notre pays. Nous avons déjà été éprouvé par la Covid-19 et récemment par la dengue. Maintenant, nous pouvons savoir s'il y a des mutations du matériel génétique qui les rendent résistants aux vaccins. Nous travaillons en concert avec tous les autres plateaux techniques du pays pour pouvoir donner des réponses rapides aux décideurs et sécuriser les populations en termes de santé publique », a-t-il dit.
Par ailleurs, Eric P. Whitaker, Ambassadeur des États-Unis d'Amérique au Burkina Faso, a salué l'opérationnalisation des plateformes du Laboratoire.
« La pandémie de Covid-19 a particulièrement mis en évidence la nécessité pour les pays de renforcer leurs capacités de laboratoire avec des équipements et du personnel qualifié rompu aux techniques conventionnelles de diagnostic mais également aux techniques de pointe telles que le séquençage de nouvelle génération. Au-delà de la détection rapide des agents pathogènes nouveaux ou émergents, cette technique permet le suivi de l'évolution des agents pathogènes dans le temps et la détection d'éventuelles mutations génétiques. Les données ainsi collectées sont nécessaires pour une prise en charge efficace et une riposte plus adaptée aux épidémies. C'est pour ce faire que le gouvernement des États-Unis à travers le CDC Atlanta et plusieurs autres partenaires ici présents, n'ont ménagé aucun effort pour accompagner le Laboratoire Central de Reference dans cette démarche de mise en place d'une plateforme génomique pour répondre aux besoins du pays en matière d'urgences de santé publique telles que la dengue qui a fait plus de 700 décès lors de l'épidémie de 2023. Le soutien apporté par le gouvernement des États-Unis est d'ordre technique et financier. À ce titre, nous avons pu acquérir pour ce laboratoire des équipements, assurer la formation du personnel, conduire des évaluations des capacités pour identifier les domaines d'amélioration et soutenir le développement des documents normatifs. Cet accompagnement va certainement contribuer à rendre ce nouveau laboratoire opérationnel et utile pour la surveillance des maladies et la réponse aux épidémies », a-t-il souligné.
Du reste, le mini-symposium a permis de : présenter la technologie Illumina sur le séquençage génomique du virus de la dengue et du virus de la grippe aviaire ; présenter la technologie Illumina sur la surveillance génomique des eaux usées pour la prévention et le contrôle des pathogènes émergents ; présenter la situation du séquençage des pathogènes émergents au Burkina Faso : leçons apprises, progrès et les prochaines étapes ; organiser une table ronde sur la surveillance génomique dans une approche One Health au Burkina Faso, enjeux et perspectives.
Jean-Yves Nébié