Dans le cadre de la réalisation de ses activités commémoratives des journées nationales d’engagement patriotique et de participation citoyenne, édition 2024, l’Université Joseph Ki-Zerbo a organisé une conférence publique. Deux thèmes ont été développés : « Histoire politique du Burkina Faso » et « Sociologie du patriotisme et du civisme au Burkina Faso ». Ces thèmes ont été animés respectivement par Pr Magloire Somé et Pr Alkassoum Maïga. Cette conférence, couplée à la cérémonie de rentrée solennelle 2024-2025 des nouveaux bacheliers à l’UJKZ, a réuni, le 10 octobre 2024, des étudiants, des enseignants chercheurs et d’éminentes personnalités du monde académique.
Selon Pr Jean-François Silas Kobiané, président de l’Université Joseph Ki-Zerbo, cette conférence sur l’histoire politique du Burkina Faso mais aussi sur la question du patriotisme et du civisme, s’inscrit dans le cadre de la quinzaine sur l’engagement patriotique et la participation citoyenne qu’ils ont su concilier avec la rentrée solennelle 2024-2025 des nouveaux bacheliers à l’UJKZ.
L’objectif de cette conférence, à travers ces deux (2) thèmes c’est, à l’entendre, d’amener les étudiants qui arrivent pour la première fois dans leur institution universitaire, à s’approprier d’abord l’histoire politique de leur pays. « Nous avons vu les différentes étapes par lesquelles est passé le Burkina Faso. Les péripéties que le pays a connues dans sa construction et le rôle des différents acteurs, notamment dans la reconstitution de la Haute-Volta jusque dans un passé récent. Le conférencier Pr Magloire Somé est allé même jusqu’aux évènements de 2014, notamment l’insurrection populaire. Pr Alkassoum Maïga, sur la question du patriotisme et du civisme, est revenu sur les aspects conceptuels de ces termes qui, comme il l’a dit ont des définitions plurielles. Mais il est arrivé surtout à contextualiser cela en évoquant la question du patriotisme et du civisme dans le contexte du Burkina Faso et, surtout, dans le contexte particulièrement difficile dans lequel se trouve notre pays, spécialement dans cette phase de reconquête de son territoire et de lutte contre le terrorisme », a-t-il expliqué.
Les deux conférenciers ont également eu l’occasion de prodiguer encore une fois de plus, ajoute le président de l’UJKZ, des conseils à ces nouveaux étudiants, et qui sont des valeurs que nous avons partagées ce matin lors de la cérémonie officielle de rentrée académique. La répétition étant pédagogique, poursuit-il, nous sommes revenus, dans toutes les activités de cette journée, sur les valeurs de respect, de travail et d’exemplarité pour qu’ils évitent de s’engager dans des voies qui ne sont pas de nature à faciliter leur apprentissage.
Et il s’agit, pour Pr Kobiané, de s’éloigner de la violence et d’un certain nombre de comportements déviants, comme le recours aux stupéfiants. « Nous sommes aussi revenus, avec les deux conférenciers sur la question de la tolérance en disant que la diversité culturelle devrait être un atout pour le vivre ensemble et non une raison de division. Il a été tout aussi question de la solidarité. La conférence a été pour nous une satisfaction et nous espérons vivement que ces étudiants et ces étudiantes que nous avons reçus aujourd’hui, vont retenir l’essentiel des messages qui ressortent de la conférence à savoir, s’approprier l’histoire de leur pays pour promouvoir les valeurs de l’intégrité qui est la valeur cardinale pour les Burkinabè », a-t-il souhaité.
Pour Pr Alkassoum Maïga, à propos du patriotisme, la société donne aux individus dans le cadre de leur insertion, leur réinsertion sociale ou leur intégration, des moyens et des buts. Et c’est en fonction de l’ajustement entre ces moyens et ces buts, dit-il, qu’ils peuvent avoir un degré plus élevé de conformisme. C’est donc, précise-t-il, du normatif qui s’opère. Et en cela il n’est pas tout à fait normal, pense-t-il, que des individus se mettent à faire des catégories entre eux parce que les gens n’ont pas le même parcours, le même rapport ni le même attachement à leur pays. « On peut donc rencontrer des gens dont le patriotisme est débordant et d’autres dont le patriotisme peut être considéré par certains comme étant très loin de ce qu’on aurait souhaité. Mais je pense que dans la dynamique de la cohésion sociale, il est important que des individus ne se mettent pas à se classer dans des catégories. Parce que je ne peux pas considérer qu’il y ait un individu qui soit totalement contre son pays, au point que l’on puisse dire qu’il n’est pas un patriote. Maintenant, des gens ont eu des façons, peut-être, d’exprimer leur patriotisme qui peuvent ne pas être du gout de certaines personnes. Mais je pense que dans ce pays, nous pouvons être certains que la grande et la large majorité est composée de patriotes », a-t-il expliqué.
A l’en croire, lorsqu’il y a une Nation, le sentiment d’unité est très élevé. Et lorsque ce sentiment d’unité nationale est élevé, il est plus évident d’exprimer son patriotisme. Par contre nous sommes dans un système où nous sommes des Etats-Nations, où la conscience de notre unité n’est pas encore ancrée chez tous les individus. Ce qui fait qu’on puisse effectivement être, avance-t-il, dans un système lâche de patriotisme de la part de certains. Plus encore, pour l’ancien ministre, il faut que nous travaillions beaucoup plus à opérer le glissement qui fasse que nous partions de l’Etat comme entité vers la construction d’une Nation où les individus vont avoir un fort attachement à leur Nation. Avec la conscience profonde que l’unité nationale est ce qui compte le plus. Tant qu’on n’a pas encore construit la Nation, nous allons être dans une situation où nous aurons l’impression qu’il y en a qui aiment le pays plus que d’autres. Mais c’est l’état actuel de notre évolution qui fait que, pour lui, nous avons le sentiment que certains ne sont pas aussi engagés que d’autres.
Pour parvenir à un fort attachement à sa patrie, Pr Alkassoum Maïga pense qu’il faut déjà donner du contenu à certaines valeurs, comme le contenu de l’intégrité au niveau national. Pour le sociologue, ce sont des contenus parcellaires qu’on retrouve en fonction des nationalités et de ce que l’on appelle des « ethnies ». Quel est, questionne-t-il, le contenu national de la solidarité, l’honnêteté, la probité. En somme, pour le conférencier, il faut qu’on construise donc notre Nation sur la base de notions qui aient un contenu clair, qui vont permettre à chacun d’avoir le sentiment et la conscience pleine d’appartenir à une Nation où l’on peut afficher le sentiment d’amour et d’engagement profond pour les intérêts de son pays et de sa Nation. « Nous devons aller vers la construction de cette Nation. Et je pense que des décisions importantes doivent déjà être prises. Pour la question de la langue nationale, il faudrait que l’on prenne des décisions drastiques. Pour qu’on ait déjà, parmi la soixantaine de langues que nous parlons, une langue d’éducation », a-t-il proposé.
Par ailleurs, la conférence du jour s’adressait principalement aux bacheliers nouvellement inscrits à l’UJKZ. Ainsi, Adama Héma, en 1ère année de licence à l’Institut panafricain d’études et de recherche sur les médias, l’information et la communication (IPERMIC), retient de cette conférence que le Burkina Faso appartient à tous les Burkinabè et que nous devons le défendre bec et ongles. Aussi, pour lui, nous devons cultiver la solidarité, la tolérance et le vivre ensemble qui sont des valeurs qui peuvent nous aider à vaincre l’hydre terroriste.
Happiness Tagnabou, nouvelle bachelière et inscrite à l’UJKZ, a apprécié cette conférence qu’elle dit enrichissante pour elle. « J’ai beaucoup appris sur l’histoire du pays, de la Haute-Volta au Burkina Faso. Mais aussi sur le patriotisme, le civisme et des valeurs telles que l’intégrité, la solidarité et la cohésion sociale ».
Du reste, pour l’ensemble des treize (13) établissements de l’UJKZ, c’est-à-dire les cinq (5) unités de formation et de recherche, les six (6) instituts et les deux (2) centres universitaires, ce sont au total, pour la rentrée académique 2024-2025, 15488 étudiants qui ont été accueillis.
Abrandi Arthur Liliou