Le forum ouvert sur la biotechnologie agricole (OFAB), section du Burkina Faso, a organisé un atelier d’information et de sensibilisation sur la biotechnologie et sur la biosécurité au profit des acteurs de la filière agricole du Burkina Faso. La session, qui s’est tenue le jeudi 31 mai 2018 à l’hôtel Pacific de Bobo, a été une belle opportunité pour les représentants des cotonculteurs d’exiger le retour du coton génétiquement modifié, compte tenu des difficultés et des pertes énormes enregistrées avec le coton conventionnel.
Le Burkina Faso, en rappel, est l’un des premiers pays africains à avoir adopté les biotechnologies agricoles et à s’être doté d’un système national de biosécurité, avec notamment l’avènement du coton Bt. Mais avec la suspension de la culture du coton « OGM » du fait de la fibre qui se serait raccourcie, occasionnant d’énormes pertes financières aux compagnies cotonnières et le retour au 100% conventionnel, la situation du coton burkinabè ne s’est guère améliorée. Pis, les producteurs de coton se sont vite rendus compte, à l’épreuve du renouement avec le conventionnel, que le coton transgénique était la meilleure option. A Bobo Dioulasso, lors de la session OFAB du 31 mai 2018, ils ont une fois de plus manifesté leur désarroi, leurs inquiétudes à travers des témoignages sur une culture de coton dans l’impasse. La campagne agricole avance à grands pas et les producteurs exigent à qu’on leur ramène leur coton « OGM ». Des tractations avec les autorités sont même actuellement en cours et des campagnes sont prévues à l’endroit des cotonculteurs pour que les uns et les autres acceptent de planter le coton. Tout cela se passe au moment où séjourne dans notre pays une mission de la Fondation africaine pour les technologies agricoles (AATF) conduite par le coordonnateur Afrique des sections OFAB, Daniel Otunge. Depuis leur arrivée, les trois Kenyans ont multiplié les rencontres et les échanges avec des responsables de la recherche burkinabè, des parlementaires, des décideurs, etc. A Bobo, ils ont prêté une oreille attentive aux préoccupations des producteurs de coton et des représentants des organisations de la société civile. Au cours de la session, les participants ont eu droit à deux communications. Celle du Dr Oumar Traoré de l’Agence nationale de biosécurité (ANB), plus précisément directeur du laboratoire de biosécurité et point focal d’OFAB Burkina Faso, qui a porté sur la biotechnologie et la biosécurité.
Le conférencier a fait ressortir les différentes étapes de la biotechnologie, en remontant depuis celles traditionnelles à la biotechnologie moderne dont une des applications concerne la technologie OGM. Il a aussi relevé les multiples applications dans le domaine agricole, animal, sanitaire, etc. Il a surtout évoqué l’aspect sécuritaire mis en place au Burkina Faso pour encadrer les activités sur la biotechnologie, à savoir la biosécurité. Pour l’intervenant, l’ANB dispose de toutes les compétences nécessaires pour le faire. Quant à l’ingénieur de recherche Hamadou Sidibé, il a fait le point de l’expérimentation du niébé Bt pour la période de 2011 à 2017. Les résultats à ce jour sont très encourageants et d’autres études sont en cours pour finaliser les recherches. La rencontre a servi de cadre à des échanges très enrichissants et animés au regard de la situation actuelle marquée par une forte envie des producteurs de coton de renouer rapidement avec l’or blanc « OGM ». Tout compte fait, les biotechnologies se révèlent être un des outils importants pour relever les nouveaux défis liés aux aléas climatiques y compris la raréfaction des pluies, aux attaques de ravageurs et à l’existence de maladies endémiques.
La mission d’OFAB-Burkina vise à offrir aux parties prenantes de la biotechnologie et de la biosécurité l’opportunité de se constituer en réseau afin de garantir un meilleur partage de l’information juste basée sur les connaissances scientifiques. Cela peut contribuer à un meilleur développement de la biotechnologie au profit des producteurs et des investisseurs agricoles et de la promotion de la santé et du bien-être des populations au Burkina Faso. OFAB facilite le flux de l’information de la communauté scientifique vers les décideurs politiques et le grand public.
Cyr Payim Ouédraogo