Le jeudi 21 décembre 2017 à l’hôtel Amiso à Ouagadougou, l’Association africaine de commerce des semences (AFSTA), en collaboration avec le Forum ouvert sur la biotechnologie agricole (OFAB-Burkina) et l’Association nationale des entreprises semencières du Burkina (ANES-BF), a animé un atelier de sensibilisation à la biotechnologie au profit des entreprises semencières nationales. Cette rencontre se tient dans un contexte où les productions agricoles subissent de plus en plus de nombreux aléas, notamment les maladies, le déplacement des isohyètes, les attaques de ravageurs, la baisse de la pluviométrie. Ce cadre d’échange a permis aux différents acteurs du secteur semencier de se familiariser avec les innovations technologiques agricoles, la réglementation sur la biotechnologie, etc.
A l’entame de cette rencontre, les organisateurs ont présenté des communications sur la biotechnologie et ses innovations, les difficultés du marché des semences et la réglementation en matière de biotechnologie.
Tout d’abord, Aghan Daniel, représentant de l’Association africaine de commerce des semences (AFSTA), a fait un exposé sur la place de l’Afrique dans le commerce mondial des semences et le rôle de son organisation. Il ressort de sa présentation que l’Afrique joue un rôle mineur dans le commerce mondial des semences avec un taux inférieur à 2%. Cela s’explique, selon lui, par la fragmentation du système semencier, les politiques agricoles inadaptées, les normes, les réglementations et les procédures incohérentes, les coûts élevés d’enregistrement de nouvelles variétés, les infrastructures inadéquates pour soutenir le développement de l’industrie des semences. Face à cette situation, l’AFSTA contribue depuis cinq ans à sensibiliser les entreprises et les institutions semencières au processus de développement de semences biotechnologiques, aux organismes génétiquement modifiés (OGM), à la réglementation sur ces technologies et la biosécurité.
La seconde thématique concerne la biotechnologie agricole et les différentes innovations biotechnologiques, la réglementation semencière et la biosécurité. Là il y a eu deux communications : la première, faite par le Dr Valentin Edgar Traoré, sélectionneur de riz à l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) et Coordonnateur du Forum ouvert sur la biotechnologie agricole (OFAB-Burkina), a porté sur les produits biotechnologiques. Selon lui, « la biotechnologie est une science qui repose sur l’utilisation du potentiel biochimique et des capacités génétiques des organismes vivants en vue de produire des composés ou de rendre des services, pouvant être utiles ou non à l’industrie ou à l’Humanité ». Il ajoute : « L’Homme a toujours utilisé les biotechnologies sous différentes formes et dans différents domaines. Dans le domaine de la santé, il y a l’insuline qui est une biotechnologie. Sur le plan agricole, les biotechnologies constituent des solutions pour lutter contre les maladies, les ravageurs, les changements climatiques. Nous pouvons atteindre la sécurité alimentaire grâce aux biotechnologies agricoles ».
Le second exposé, présenté par le Dr Oumar Traoré de l’Agence Nationale de Biosécurité (ANB), explique la réglementation en matière de biotechnologie. Sur le plan national, en effet, il y a la loi n°064-2012/AN du 20 décembre 2012 portant régime de sécurité en matière de biotechnologie. Cette loi, promulguée le 07 février 2013, composée de huit (08) titres, de dix-huit (18) chapitres et de soixante-quinze (75) articles, régule, entre autres, l’importation, l’exportation, la création, la consommation des biotechnologies, y compris les organismes génétiquement modifiés (OGM).
A sa suite, le Dr Benoît Joseph Batieno, sélectionneur de niébé à l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA), a présenté quelques résultats de recherches portant sur la technologie du niébé Bt (en cours d’expérimentation en milieu confiné à la station de recherche de Farako-Ba). Après ces différentes présentations, les échanges ont eu lieu avec les entreprises semencières du Burkina Faso.
Des discussions sans langue de bois sur les avantages et les limites des biotechnologies agricoles
Les entreprises semencières du Burkina, à l’image de NAFASO S.A, de SABUS, de LAVODEC, de FAGRI, d’AGRO-Production, d’EPC-SAC, de MODES, ont saisi cette opportunité pour transmettre aux chercheurs leurs préoccupations liées aux produits biotechnologiques. Roméo Moyenga, représentant de LAVODEC, s’exprime : « Les chercheurs nous ont expliqué ce que sont la biotechnologie agricole et la biosécurité. Ils nous ont également parlé de la perception de ces technologies par les populations et les entreprises semencières. Nous attendons des chercheurs qu’ils nous proposent des semences de qualité, adaptées aux changements climatiques, résistantes aux ravageurs et aux maladies. Nous voulons également des produits avec de grands rendements, des semences avec des durées de production courtes ». C’est le même souhait qui a été formulé par les autres entreprises semencières. Elles ont toutes salué la volonté des organisateurs d’impliquer tous les acteurs dans le processus d’acceptation des biotechnologies agricoles.
Jean-Yves Nébié