Le 31 août 2018, des parlementaires burkinabè ont mis en place le réseau des parlementaires burkinabè pour la biotechnologie et la biosécurité (REPA-BIOTECH). Ce nouveau réseau se donne pour objectif de sensibiliser et d’éclairer les processus de prise de décisions dans le domaine scientifique, précisément celui des biotechnologies en agriculture et en santé, sans oublier la biosécurité.
Ce réseau qui vient de voir le jour est le fruit de la volonté des parlementaires burkinabè d’accompagner la recherche nationale, de guider les prises de décisions dans le domaine de la biotechnologie et de la biosécurité. Avec sa mise en place, le Burkina Faso se positionne comme un pionnier parmi les sept (7) pays du Forum ouvert sur la biotechnologie agricole (OFAB). Il est, en effet, le premier à disposer d’un faisceau de législateurs ayant pris conscience des enjeux de la biotechnologie et de la biosécurité sur le plan national et international.
Pour le nouveau né, selon Henriette Zoumbaré/Zongo, présidente du REPA-BIOTECH et de la Commission de développement économique et changement climatique (CODECC), il s’agira pour les députés de vulgariser et de convaincre les populations d’utiliser les produits de la recherche car ils améliorent l’agriculture et le mieux-être. Elle revient par ailleurs sur le processus qui a guidé la création du groupe. Le 4 mai 2018, les députés participent à une rencontre organisée par le CNRST sur les ressources phytogénétiques. Ensuite, le 23 mai 2018, ils sont invités à une session d’information et de sensibilisation à la biotechnologie et la biosécurité. Puis, le 29 du même mois, ils reçoivent la visite du coordonnateur d’OFAB-Afrique venu encourager leurs intérêts pour les questions liées à la biotechnologie et la biosécurité.
Selon Me Bénéwendé Stanislas Sankara, 1er vice-président de l’Assemblée Nationale, ce réseau vient à point nommé. « J’avoue que ce n’est pas un réseau de trop. Vous avez d’abord remarqué que la biotechnologie et la biosécurité sont des domaines très spécifiques et même délicats. Et quand vous avez la communauté scientifique, l’expertise nationale qui s’organise avec les députés pour que le Burkina Faso puisse légiférer et permettre aux décideurs d’avoir l’éclairage scientifique nécessaire, c’est un réseau qu’il fallait créer. S’il n’existait pas, il fallait nécessairement le mettre en place. Ce réseau est aussi particulier parce que vous avez un mélange d’intellectuels, d’élites et de représentants de nos populations. Cela veut dire que les chercheurs vont certainement trouver des solutions dans l’intérêt de notre peuple. C’est pourquoi nous sommes honorés par la naissance de ce réseau qui viendra, à l’instar des autres structures, renforcer le travail parlementaire, parce qu’il y a d’abord un travail qui se fait sur le terrain sur la base d’analyses, de conceptions, avant d’aboutir à un projet de loi ou à une proposition de loi », a-t-il déclaré.
A cette rencontre, était aussi présent le Dr Hamidou Traoré, Directeur de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA), qui a fait ressortir quelques chiffres alarmants sur la situation de la faim dans le monde et en Afrique. Selon le rapport annuel 2017 des Nations-Unies sur la sécurité alimentaire mondiale et la nutrition, la faim est en progression depuis 2016 et touche 815 millions de personnes dans le monde, dont 243 millions en Afrique. En plus, l’avancée invasive de la chenille légionnaire d’automne est aussi un facteur aggravant de cette situation. Au Burkina Faso, par exemple, la chenille légionnaire a ravagé plus de 60 000 hectares durant la campagne agricole 2017-2018. Pour la présente campagne, en fin juillet, les superficies ravagées avoisinaient les 30 000 hectares. Selon le chercheur, ces problèmes peuvent être résolus par l’adoption des semences améliorées et des autres technologies innovantes issues de la recherche nationale. Enfin, les chercheurs ont animé un panel sur les biotechnologies et la biosécurité au profit des membres du réseau.
Jean-Yves Nébié