Abdoulaye Diallo, guérisseur
A Basseyam, village de Komsilga (22.7 km de Ouagadougou), un homme bien particulier dispose du pouvoir de guérir tous les maux. Depuis sept (07) ans, il guérit l’infécondité, fait marcher les paralytiques, exorcise les envoutements et les sorts, chasse les démons de la folie, etc. La nouvelle, qui s’est propagée comme une trainée de poudre, attire une foultitude de personnes en quête de solutions à leurs problèmes. Qui est ce « sauveur » ? Le vendredi 13 novembre 2020, nous avons rendu visite à Abdoulaye Diallo, le guérisseur qui mobilise autant de monde venu des villes et campagnes du Burkina Faso. Tiip la yolsé (Celui qui soigne et guérit en mooré), comme ils l’appellent tous, nous a accordé cet entretien.
D’où vous viennent vos pouvoirs de guérison ?
C’est un don de Dieu. Je guéris les gens par sa grâce. Je n’ai pas appris cela. Sans son intervention, je ne peux pas me lever et réunir les gens sous le prétexte que je peux les soigner.
Depuis combien de temps êtes-vous guérisseur ?
J’ai commencé à guérir des patients il y a sept (07) ans. C’est la huitième année qui débutera l’année prochaine.
Quels sont les profils des malades que vous recevez ?
Il est important que je précise encore que je ne suis que l’intermédiaire de Dieu. C’est lui qui guérit. Je ne suis que son instrument. Ensuite, je ne fais pas le tri des maladies que je traite. Je soigne tous les malades qui viennent à moi, quels que soient les maux qui les frappent. Tout le monde est le bienvenu par la grâce de Dieu.
Nous voyons que vous avez, parmi vos patients, des personnes atteintes de troubles mentaux. Vous avez fait marcher, tout à l’heure, une femme touchée. Concrètement, de quoi souffrait-elle ?
Cette femme, qui était couchée, a été frappée par un ensorcellement. La personne qui lui a jeté le sort voulait qu’elle meurt avec son bébé. Vous ne rêvez pas. Elle était enceinte. Celui ou celle qui lui en veut, désirait son élimination physique.
Son accompagnante affirme qu’elle a accouché il y a moins d’une semaine. Juste après, elle a subi le maléfice qui l’a rendu infirme et diminué ses facultés mentales. Je l’ai libéré de ce poids et je lui ai redonnée l’usage de ses membres inférieurs.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans votre mission ?
Au départ, nous avions des problèmes liés à l’accès à l’eau. Mais grâce à Abdoul Service International, nous avons bénéficié de forages. L’eau n’est donc plus un véritable problème. Nous avions aussi des difficultés pour protéger du soleil les gens qui attendent. Des gens nous ont aidé à construire des hangars. Il y en a encore qui sont en cours d’érection. Pour le moment, les choses vont bien. Les problèmes urgents ont été réglés.
Lors de notre première visite, il y avait une femme qui était venue pour que vous la libériez de sa « sorcellerie ». Ces cas sont-ils légions ?
Vous en avez été témoin, c’est une bonne chose. Dieu a permis que vous puissiez assister à cette libération. Par contre, il y a des gens qui ne sont pas des sorciers, mais les sorciers sont mieux qu’eux. Quelqu’un, qui est plein de haine et de ressentiment est pire qu’un sorcier. Il n’y a pas un mal qu’il ne peut pas commettre contre ses proches. Les sorciers peuvent se libérer. Mais les rancuniers sont très difficiles à délivrer.
Certains, animés par la rancune et la haine, vont chez des féticheurs pour créer des problèmes à leurs prochains. Toutefois, ils oublient que Dieu garde un œil sur tout le monde. Parmi ceux qui viennent me voir, il y a des sorciers, mais aussi des gens qui veulent guérir de la haine. Par la grâce de Dieu, ils trouvent du réconfort. Mon travail parle pour moi. C’est la qualité de mon travail qui fait ma réputation.
Des femmes viennent aussi vous dire merci et vous présenter leurs enfants. Comment faites-vous pour remédier à leur infécondité ?
Je ne leur donne aucun médicament. Avec la prière, je les délivre des entraves qui les empêchent d’avoir des enfants. Après la prière, c’est la volonté de Dieu qui se manifeste. Quand elles arrivent, je lève les barrières et elles rentrent à la maison. Le reste se passe entre elles et leurs époux. S’ils y croient, ils ont des enfants.
Le ministère de la Santé est-elle informée de ce que vous faites ? Avez-vous son accord pour exercer ?
Le ministère de la Santé peut être au courant de mes activités. Je ne le sais pas parce que nous n’avions pas été mis en contact. Mais les agents de santé viennent souvent nous entretenir sur certaines maladies comme la poliomyélite. Ils font le tour pour rencontrer les parents et vacciner les enfants. C’est une bonne chose et j’apprécie véritablement cela. Nonobstant, je n’ai pas encore reçu des structures du ministère.
Celui qui m’aide, c’est Abdoul Service International qui prend en charge les enfants. D’autres personnes nous aident avec des nattes et des fauteuils roulants pour ceux qui n’arrivent pas à marcher.
Ceux qui guérissent reviennent-ils vous témoigner de leur rétablissement ?
Oui. Il y en a beaucoup. Ils viennent tous les jours. Quand ils guérissent, ils reviennent rendre des témoignages sur leur rétablissement.
Les gens ont connu Saïdou Bikienga, le guérisseur de Nagréongo depuis des années. Quel est le lien qui vous unit ?
C’est mon père. Après Dieu et mes parents biologiques, C’est lui qui suit. Il avait prédit ma venue, avant même ma naissance. Il avait annoncé mon arrivée. Il a prédit mon destin et ce que je devais accomplir.
Qui vous vient en aide, quand vous, vous avez des problèmes ?
Saïdou Nagréongo est mon père. Dès que j’ai besoin de lui, il est là pour moi, pour me conseiller et m’accompagner. Si j’ai un problème, c’est lui qui m’aide à le résoudre. Je ne peux pas me confier à quelqu’un d’autre. C’est le seul à pouvoir m’aider. Je lui rends visite au vu et au su de tout le monde. Si vous voulez comprendre ce grand homme, je suis là pour parler de ses bienfaits et de ses miracles.
Vous prodiguez beaucoup de conseils à vos patients. Est-ce pour dire que les gens n’ont pas une bonne base éducative ?
En fait, les gens n’écoutent plus leurs parents. Ce que les parents nous donnent comme conseils, ce sont des fondements de notre avenir. Mais beaucoup n’écoutent plus. C’est pourquoi, je leur prodigue beaucoup de conseils. Je les interpelle tout le temps. Il faut écouter les paroles des sages et des parents.
Avez-vous une adresse particulière ?
Le message est celui de la paix. Nous voulons un Burkina Faso de paix. Les politiciens sont en quête du pouvoir. Nous prions pour qu’ils mettent l’intérêt supérieur du peuple en avant. Nous voulons la paix et la cohésion. Nous ne voulons pas de crises liées aux élections.
Jean-Yves Nébié