Les activités littéraires et le colloque sur le thème de la 21e édition de la Semaine Nationale de la Culture ont débuté, le lundi 29 avril 2024. Durant 3 jours, les réflexions seront menées sur le thème de la biennale : « Culture, mémoire historique et sursaut patriotique pour un Burkina nouveau ».
Selon Jacques Sosthène Dingara, ministre de l’Éducation nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales, la réflexion sur le thème de cette édition, « Culture, mémoire historique et sursaut patriotique pour un Burkina nouveau », est un exercice très important pour le développement du Burkina Faso.
« Le thème de la présente édition est d’un grand intérêt pour note cher Faso. En effet, il renvoie à plusieurs notions et notions (culture, histoire, patriotisme) qui constituent de nos jours non seulement des références mais aussi et surtout des ferments pour l’ensemble du peuple burkinabè. Tous ces concepts entretiennent des liens intrinsèques qui nécessitent des réflexions bien nourries. Ainsi, l’analyse de ce thème permettra aux spécialistes et au monde scientifique de contribuer à identifier et magnifier les valeurs endogènes susceptibles de fonder l’avenir du Burkina Faso. Il est donc attendu des éminents spécialistes réunis à ce colloque, que vous êtes, des réflexions et des orientations capables d’éclairer les jeunes générations afin de guider leurs actions pour le développement et pour un Burkina nouveau. Culture, histoire et patriotisme : ce sont bien des maîtres-mots soumis à l’analyse scientifique des participants aux profils pluridisciplinaires et divers. Leurs contributions donc sont attendues avec un grand intérêt pour l’éclairage qu’ils pourront apporter aux jeunes générations, aux décideurs et au peuple entier dans la reconquête et le renforcement de l’identité culturelle nationale », a-t-il affirmé.
La conférence inaugurale
La conférence inaugurale sur le thème de la biennale culturelle a été présentée par Pr Magloire Somé, Professeur titulaire d’Histoire contemporaine à l’Université Joseph Ki-Zerbo. Dans sa communication magistrale, il a éclairé les participants sur les concepts de « mémoire historique » et de « culture » et leurs apports dans le contexte actuel du Burkina Faso.
« Que demande-t-on aujourd’hui dans le contexte actuel de la crise et de la quête traditionnelle ? Formule-t-on une demande de revalorisation culturelle, une demande de mémoire ou une demande de mémoire ? Ce sont là un ensemble de questions que nous devons nous poser. En ce qui concerne la culture, puisqu’il y a une question de revendication culturelle, elle participe à la construction des identités. En tant que l’âme d’un peuple, elle constitue la caractéristique de la singularité d’un peuple par rapport à d’autres. Au XIXe siècle, qui a représenté la période du naturalisme, il y a eu la réalisation de l’unité nationale construit autour de la culture. La culture unissaient différents humains qui n’avaient pas conscience de cette unité de culture. Puis, après la réalisation de l’unité nationale en Italie et en Allemagne, on s’aperçoit qu’il y a des spécificités propres à chaque terroir. Si les cultures sont spécifiques, il existe tout de même des proximités culturelles. Les linguistes et les anthropologues, en ce qui concerne l’Afrique, ont défini des aires culturelles en raison des proximités culturelles, linguistiques, culturales, artistiques entre les peuples africains. Mais ces proximités ne doivent pas conduire à des volontés d’uniformisation ou d’homogénéisation qui conduirait à la logique de domination culturelle théorisée par Bourdieu. C’est d’ailleurs pour éviter cette logique pouvant provoquer la disparition de certaines cultures que l’UNESCO a institué le principe de dialogue interculturel. La SNC est l’opportunité, dans le cadre du Burkina Faso, de mettre en œuvre ce dialogue pour rapprocher nos différentes nationalités. […] Le dialogue interculturel est source de tolérance, parce qu’il atténue le sentiment d’agressivité », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, il souligne que la crise peut mettre en avant une quête mémorielle plutôt qu’une quête d’histoire. « Il ne faut pas confondre la quête d’histoire et la quête mémorielle. Le récit mémoriel se rapporte suivant des canons spécifiques, en tant qu’arme de construction d’une identité collective. Le récit mémoriel a une portée Lorsqu’il est partagé, il nourrit le sentiment d’appartenance à une communauté. Les mythes et symboles véhiculés par la mémoire collective renforce le lien entre les individus. La mémoire historique est donc un fait social, un fait de groupe sociaux ou ethnique. On parle rarement, sinon jamais, de mémoire nationale. Il y a la mémoire d’un individu, d’un groupe ethnique, religieux, mais pas de mémoire C’est pourquoi en période de crises, il peut y avoir un conflit de mémoire, car la mémoire collective n’est pas uniforme. Et son caractère pluriel peut susciter des questions de mémoires, différentes tendances à l’intérieur d’un même groupe. En fonction des enjeux, son côté subjectif et émotionnel peut engendrer des frictions. La mémoire historique peut être difficilement un facteur de sursaut national. Par contre, l’histoire en tant que science sociale a pour objet de faire comprendre le fonctionnement politique et sociale d’une nation. C’est le récit historique, qui se veut scientifique et dépourvu de passion, qui peut être un facteur de sursaut et de construction civique et nationale », a-t-il dit.
Du reste, les officiels et les participants ont visité les stands des auteurs et écrivains. Les élèves ont aussi participé à la visite.
Jean-Yves Nébié