L’Association des femmes albinos (AFAB) et la Fondation Slamazone ont organisé une conférence publique à l’occasion de la sixième édition de la semaine de l’albinisme (Albi Week), sous le thème : « 10 ans de la journée internationale de sensibilisation à l’albinisme : quel impact sur les communautés locales et internationales ? ». Cette conférence a lieu le 13 juin 2024, à Ouagadougou, en marge de la célébration de la journée internationale de la sensibilisation à l’albinisme (JISA).
Il s’est agi de célébrer non seulement la 6e édition de l’Albi-Week, mais également le dixième anniversaire de la Journée internationale de sensibilisation à l’albinisme. Pour cela, plusieurs activités étaient inscrites au programme de la semaine Albi-Week dont la conférence publique du 13 juin. Plusieurs thématiques ont été abordées, notamment les acquis des dix (10) ans de sensibilisation sur l’albinisme et ce qu’il reste à faire. Il a été aussi question des conditions sanitaires de ces personnes au vu du contexte fortement ensoleillé qui impacte sur la santé des personnes atteintes d’albinisme au Burkina Faso. De plus, l’albinisme en lien avec le réchauffement climatique ainsi que les cadres juridiques ont fait l’objet de communications.
Maïmouna Déné, Présidente de l’AFAB, a salué la présence des autorités à leurs côtés. Une présence qui témoigne, selon elle, de leur intérêt de plus en plus marqué pour la question de l’albinisme.
« Il était difficile au cours des dernières années de mobiliser ne serait-ce qu’une dizaine de personnes atteintes d’albinisme. Nous refusions de sortir à cause du regard des autres, des maltraitances, des injures. Mais aujourd’hui ce sont des acquis quand on voit que les personnes atteintes d’albinisme s’impliquent dans la vie de la société même s’il reste encore beaucoup à faire. En termes de défis, il y a toujours les problèmes de santé. Parce que, quoi qu’on dise aujourd’hui, il faut être en bonne santé pour pouvoir faire tout le reste. Et jusque-là, les personnes atteintes d’albinisme souffrent de problèmes liés à la santé. Et c’est l’occasion pour moi d’interpeller, une fois de plus, nos autorités et précisément le ministère de la Santé pour que les besoins spécifiques des personnes atteintes d’albinisme puissent être pris en compte. Il nous faut vraiment un accompagnement parce que beaucoup meurt dans les couloirs », a-t-elle déclaré.
Donald Parfait Ouédraogo, Directeur général de la Solidarité et de l’Action humanitaire, représentant la ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire, de la Réconciliation nationale, du Genre et de la Famille, a rappelé que les Nations Unies ont décrété la journée du 13 juin comme celle de la sensibilisation à l’albinisme, tout en soulignant l’importance capitale que revêt cette journée pour le Burkina Faso.
Cette initiative, poursuit-il, au-delà de cette journée commémorative, offre un cadre de sensibilisation et de convergence de l’attention du monde sur les questions en lien avec l’albinisme. Et c’est pour lui l’occasion de saluer les efforts de l’AFAB dans ce sens et de réaffirmer l’engagement des autorités et de son ministère pour la promotion des droits humains, de la dignité et de l’égalité pour toutes les personnes atteintes d’albinisme. « L’albinisme est une condition génétique rare qui affecte des milliers de personnes à travers le monde y compris au Burkina Faso. Les personnes atteintes d’albinisme font souvent face à de nombreux défis. Notamment la discrimination, la stigmatisation et des problèmes de santé spécifiques. C’est pourquoi il est crucial que nous continuons à sensibiliser la population et à promouvoir l’inclusion sociale de ces personnes », a-t-il rappelé.
Selon Zeinab Hamza Diaby, la représentante du Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme au Burkina Faso, cette journée leur donne l’occasion de manifester leur solidarité envers les personnes vivant avec l’albinisme et d’unir leurs efforts afin que celles qui sont souvent les plus marginalisées puissent vivre à l’abri de la discrimination, de la peur et exercer pleinement leurs droits fondamentaux.
Pour elle, la situation des personnes atteintes d’albinisme a évolué et des progrès ont été observés à travers le monde. Et elle cite entre autres : la création en 2015, par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, de la fonction d’expert indépendant sur la question des droits fondamentaux des personnes atteintes d’albinisme ; l’adoption en 2019 par l’Union Africaine du plan d’action régional sur l’albinisme et les campagnes de sensibilisation qui ont permis au public de mieux comprendre les défis auxquels sont confrontées les personnes atteintes d’albinisme. « Toutes ces mesures et actions ainsi que d’autres dispositifs adoptés par les gouvernements, les organismes, les Nations Unies et la Société civile sont indispensables pour garantir le respect des droits de l’Homme et soutenir notre engagement commun à ne laisser personne de côté », a-t-elle soutenu.
Pour Malika Ouattara, dite Malika la slameuse, Présidente de la Fondation Slamazone, en 2019, quand avec la présidente de l’AFAB, elles prévoyaient de lancer Albi-Week, la semaine de la personne atteinte d’albinisme, la vision était de rendre cet évènement international.
« Mais dès le départ, nous savions que ce serait compliqué. Parce que cette lutte n’est pas financière, elle n’est pas technique mais elle vise un changement de comportement. Et nous le savons, pour façonner l’esprit de l’humain, cela prend du temps forcément. Nous étions donc conscientes que c’était un long chemin sur lequel on venait de poser le pied. Mais nous avions également en tête que pour montrer la voie, il faut porter la croix. Nous étions conscientes des défis, des obstacles. Parce qu’ici, la lutte c’est d’apporter la plus belle des choses. Le beau côté de l’albinisme. La plupart du temps quand on parle des personnes atteintes d’albinisme, on parle de leurs maladies, leurs cancers, des discriminations, etc. Nous voulons que l’on puisse voir la personne albinos comme une belle personne. Voilà pourquoi je vous donne rendez-vous le 14 juin pour la soirée culturelle. », a-t-elle invité l’auditoire.
Du reste, pour la marraine d'Albi-Week 2024, Adja Aminata Sy, il s’agit de croire en l’être humain et tous, nous naissons égaux en droits et en devoirs, souligne-t-elle.
En outre, elle se dit prête à s'engager aux côtés de ses filleuls et de toutes les bonnes volontés et tous les partenaires qui accompagnent l’AFAB depuis des années. « Nous solliciterons toujours votre appui », a-t-elle résumé pour finir.
En rappel, la JISA a été décrétée par les Nations Unies le 13 juin 2014 et Albi-Week, cinq (5) ans plus tard, en 2019, débutait.
Abrandi Arthur Liliou