Journées d'hommage aux retraités : L'INSS reconnaît le travail de ses aînés

Submitted by RedacteurenChef on Sat 21/12/2024 - 14:05
Journées d'hommage aux retraités : L'INSS reconnaît le travail de ses aînés

L’Institut des Sciences des Sociétés (INSS) organise, les 19 et 20 décembre 2024, les journées d'hommage à quatre de ses aînés admis à la retraite : Dr Oger Kaboré (Chargé de Recherche) ; Dr Noraogo Dolerme Félix Compaoré (Maître de Recherche) ; Dr Ardjouma Ouattara (Chargé de Recherche) Dr Bétéo Dénis Nébié (Chargé de Recherche). Ces journées se déroulent sous le thème : « Savoirs croisés : langage, territoire et éducation en dialogue ».

Selon Dre Aoua Carole Bambara/Congo, Directrice de l'Institut des Sciences des Sociétés (INSS), ces journées d'hommage vise à reconnaître l'immense travail de ces aînés de l'Institut.

Dre Aoua Carole Bambara/Congo, Directrice de l'Institut des Sciences des Sociétés (INSS)

« Nous voulons, à travers les journées d'hommage, montrer que tous ces aînés aux grandes compétences ont participé à la production de connaissances dont nous bénéficions aujourd'hui. Nous voulons leur témoigner notre grande reconnaissance pour ces connaissances qu'ils nous ont donné, non seulement à l'INSS, au CNRST, au Burkina Faso, mais aussi à l'Afrique et au monde. Nous avons voulu, comme le prescrit la tradition de l'INSS, reconnaître le mérite de nos aînés de leur vivant. C'est aussi un message envoyé aux jeunes. Ils doivent reprendre le flambeau de l'excellence. Quand on écoute les témoignages, au-delà de leurs réalisations scientifiques, ces aînés ont transmis des connaissances et des compétences aux jeunes qui ont pris le relais. Les jeunes doivent s'inspirer d'eux afin de participer à la transmission pour les nouvelles générations », a-t-elle souligné.

Pour Dr Didier Zida, Directeur général adjoint du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST), représentant le Directeur général Emmanuel Nanema, ces aînés ont transmis un grand héritage.

Dr Didier Zida, Directeur général adjoint du Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST)

« Pendant plus de trente ans, ils ont été de vaillants travailleurs de la recherche scientifique et technologique au Burkina Faso. Leurs passages au CNRST ont été très remarquables, car nourris par des compétences qui leur sont très spécifiques. Ils ont toujours eu une grande expérience humaine et professionnelle et ils ont servi la nation avec dévouement et professionnalisme.  Malgré les difficultés, ils ont travaillé avec un immense sacerdoce pour produire des données scientifiques fiables », a-t-il affirmé.

Par ailleurs Dre Lydia Rouamba, Présidente du Comité d'organisation, a salué l'apport de ces aînés.

Dre Lydia Rouamba, Présidente du Comité d'organisation

« Notre objectif était de célébrer véritablement les parcours de ces quatre doyens. Nous voulons aussi leur dire merci pour ce qu'ils laissent aux générations futures, à la science, au Burkina Faso. Vraiment, ils ont bâti les fondations afin que les jeunes puissent trouver des repères de travail. Nous avons voulu mettre en lumière leurs contributions scientifiques. Ils ont travaillé avec rigueur et méthodologie dans les domaines des sciences de l'éducation, de la musicologie, de la linguistique et de la géographie. Nous leur souhaitons une bonne retraite et nous leur disons infiniment merci pour ce qu'ils ont bâti », a-t-elle ajouté.

Des témoignages

Des témoignages des parrains des chercheurs admis à la retraite (Martin Zongo, Dahouda Ouédraogo, Dr Ludovic Kibora, Karim Deme) des différents retraités, l'on retient d'eux des hommes consciencieux, profondément humains, très engagés dans leurs travaux, fermes, courageux, altruistes, empathiques, pédagogues, etc.

Les quatre chercheurs admis à la retraite (de g. à d.) : Dr Oger Kaboré (Chargé de Recherche) ; Dr Bétéo Dénis Nébié (Chargé de Recherche) ; Dr Noraogo Dolerme Félix Compaoré (Maître de Recherche) ; Dr Ardjouma Ouattara (Chargé de Recherche)

Par exemple, de Dr Oger Kaboré, son parrain Martin Zongo, administrateur du Carrefour International de Théâtre de Ouagadougou (CITO), dit le plus grand bien. « C'est un homme aux qualités humaines exemplaires. Il a aussi de belles qualités intellectuelles et sociales toutes autant exemplaires. C'est un homme dévoué et engagé que j'apprécie beaucoup », a-t-il dit.

Le public a chanté en chœur et dansé avec Dr Oger Kaboré sur sa célèbre chanson « Runda ya kibsa »

Des témoignages des membres des familles, des collègues ou des connaissances, l'on note que les quatre chercheurs à la retraite sont des pères et époux aimants, des collègues de grandes valeurs (intégrité, probité, patriotisme, etc.).

Satisfaction des doyens célébrés

Prenant la parole au nom des retraités, Dr Félix Compaoré a remercié tous ceux qui ont contribué à la tenue de l'évènement. « Nous sommes très heureux. C'est une immense joie qui nous habite en ce moment solennel. Être reconnu par les pairs et la communauté, c'est une très belle gratification. Pendant ces journées d'hommage, nous avons bénéficié des témoignages et nous avons assisté à des communications de qualité. Nous partons à la retraite, mais ceux qui sont encore en activité tiennent le flambeau. Nous avons une relève de qualité qui est capable de produire des résultats qui font forcer l'admiration de tous. Ils ont bien suivi nos traces et ils sont en train de faire du bon travail », a-t-il expliqué.

Du panel et des multiples communications

Dans un premier temps, un panel a réuni les quatre doyens pour un partage d'expériences. Au cours de ce panel, ils ont présenté leurs différents travaux scientifiques, malgré les innombrables difficultés qu'ils ont rencontrées dans leurs parcours. Ces partages d'expériences ont permis aux jeunes chercheurs de s'imprégner des méthodes et des qualités de leurs aînés afin de s'améliorer et poursuivre leurs carrières respectives.

La traditionnelle photo de famille

Une trentaine de communications scientifiques (de chercheurs venus du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, du Niger, etc.) ont été présentées lors de ces journées d'hommage. Ces communications diversifiées ont porté sur : la géographie dans la dimension spatiale de l'éducation ; l'enseignement franco-arabe ; l'éducation en situation d'urgence ; le langage et la communication ; le patriotisme dans la chanson « Burkina Soldats » ; les stratégies éducatives et les parcours scolaires ; le boost de l'éducation des filles au Burkina Faso ; le rôle déterminant des orientations scolaires dans le parcours académique ; la réadaptation du système solaire et l'inclusion des élèves handicapés dans les classes ; la négation de la langue des signes au Niger ; la coprésence des textes oraux dans les romans burkinabè ; la contribution de la communication dans l'apprentissage des langues endogènes en Côte d'Ivoire ; la théorie du comportement planifié ; la psychopédagogie des élèves déplacés internes ; le cahier des charges des instituts privés ; la méthodologie à source représentationnelle ; la culture et la valorisation du patrimoine ; l'inventaire du patrimoine culturel immatériel du Burkina Faso ; le musée de la musique du Burkina Faso ; l'urbanisation ; la position frontalière de Batié ; le passage du primaire au post-primaire ; l'éducation inclusive ; les jeunes enfants avec les troubles externalisés ; etc.

Jean-Yves Nébié

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BIOGRAPHIE de Dr NEBIE BETEO DENIS

NEBIE Bétéo Dénis est né en 1955 à Bounga, village du département de Zamo, dans la province du Sanguié (Région du Centre-ouest). Il est marié et père de 13 enfants. Il est homme de culture et chercheur-linguiste.

Parcours scolaire et universitaire

Dr Nébié fit ses études primaires à l’école Rurale de Lia et à l’école Publique de Zamo (Sanguié) entre 1962 et 1968. Après l’obtention de son CEP, il fréquenta successivement, le Cours Normal de Koudougou de 1968-1970, le Cours Normal Antoine Roche de Ouahigouya, durant deux ans (1970-1972) et y obtient son BEPC. Puis, il poursuit ses études secondaires au Collège Tounouma de Bobo-Dioulasso, et décroche un baccalauréat série A4. Son parcours universitaire débute à l’Université de Ouagadougou en 1975, où il évolue jusqu’à la licence obtenue en 1978. La suite de sa formation académique se déroule en France à l’Université de Nancy II et fut bouclée par un diplôme de doctorat unique en linguistique en 1982 sur le thème :Eléments phonologiques et morphosyntaxe verbale du nuni

Sa carrière professionnelle

Dr Nébié Bétéo débute sa carrière en 1983 à l’Institut National d’Alphabétisation et de Formation des Adultes (INAFA) où il y passe trois ans (1983-1986). Il intègre ensuite l’IPN (Institut des Peuples Noirs), créé sous l’impulsion du père de la Révolution, le Capitaine Thomas Sankara, motivé par les étudiants de Harlem lors de son séjour étatsunien à l’ONU (1983-1984). Dans cet institut, Dr Nébié consacra une bonne partie de sa carrière (1986 à 2008) à l’animation scientifique et au rayonnement de la structure. Des conférences scientifiques y était organisées pour la renaissance de l’Afrique. Très loquace et connu pour sa verve critique, Dr Nébié n’a cessé de militer « pour l’abandon des religions importées pour la renaissance, et la véritable spiritualité africaine sans laquelle, selon lui, l’Afrique est une épave »[1]. En 2008, il quitte l’Institut des peuples noirs pour l’Institut des Sciences des Sociétés (INSS) où il évolua jusqu’à sa retraite. Il accéda au grade de chargé de recherche CAMES en 2015. Au plan administratif, il a assuré le poste de chef de département Linguistique et langues nationales (DLLN). Il est admis à la retraite en décembre 2020. 

Apport scientifique et animation médias

En tant que chercheur-linguiste, Dr Nébié a beaucoup contribué à la documentation de la langue nuni pour la rendre accessible à l’apprentissage scolaire. De nombreuses publications ont été réalisées parmi lesquelles : 

- Le verbe en nuni (Mémoire de Maîtrise, Université de Nancy II, 1979

Le ton en nuni (Rapport de DEA, Université de Nancy II, 1980

- Eléments phonologiques et morphosyntaxe verbale du nuni (Doctorat de 3ème Cycle, Université de Nancy II) 1982

Ecrire le nuni : transcription, grammaire et lexique. Polycopié. Ouagadougou. 1985

Transcription du nuni. Polycopié. Ouagadougou. 2005

Sa dernière publication post retraite intitulée Le Nuni : une langue, une culture est parue aux Editions Mercury. Ouagadougou en 2024. 

Il s’est également intéressé aux questions de renaissance africaine et de spiritualité. Il a publié un ouvrage Sur le chemin de maât : comment gérer l’Etat négro-africain aux Editions MENAIBUC en 2011 à Paris. Outre les productions scientifiques, Dr Nébié Bétéo était également très actif dans les médias. Il a animé des émissions radiophoniques à forte audience telles que « IPN à l’Horizon » (1991-1997) et « Maât Im » (1997-2001) à Radio Horizon Fm Ouagadougou, « Afrique mon Afrique » à Radio Ouaga FM (2006-2012). Il était également rédacteur de chronique « Focus Africa » au Journal L’Evénement (2003-2013).

Se prononçant sur le rôle de l’intellectuel dans l’interview qu’il accorda au journal en ligne le Faso-net, prenant exemple sur lui-même, il affirma : « Depuis l’institut des peuples noirs, j’ai décidé qu’à chaque fois que je vais rencontrer un jeune africain qui va avoir mal à l’Afrique, qui en a honte, en échangeant avec moi, à la fin qu’il commence à douter et à chercher. (…) j’ai réussi ma mission »[2]. Pour dire que le rôle de l’intellectuel dans une Afrique où les stigmates de la colonisation continue d’être un frein à son développement culturel, est d’œuvrer à l’éveil des consciences. Et, c’est cela qui a été son combat.

Note de bas de page

[1] Tiré de l’article de presse le Faso.net « Bétéo D. Nebié, chercheur à l’institut des sciences de la société : « Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob n’est pas le mien », publié le samedi 30 août 2014, sur le site https://lefaso.net/spip.php?article60623

[2] Tiré de l’article de presse le Faso.net « Bétéo D. Nebié, chercheur à l’institut des sciences de la société : « Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob n’est pas le mien », publié le samedi 30 août 2014, sur le site https://lefaso.net/spip.php?article60623

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BIOGRAPHIE Dr OGER KABORE

Oger KABORE est né le 14 juillet 1949 à Dimpaltenga, village situé à quelques encablures (7 ou 8 km) de la ville de Koupéla. Il est ethnomusicologue de formation et artiste auteur-compositeur-chanteur. 

Cursus scolaire et universitaire

Brillant élève, Oger KABORE fréquenta l’école primaire catholique de Koupéla jusqu’à l’obtention de son CEP et de l’entrée en sixième en 1963. Il poursuit son cursus au collège Saint Joseph de Fada N’Gourma géré par des Pères blancs. Son aventure dans son nouvel établissement sera de courte durée, puisqu’il sera renvoyé du collège suite à la dénonciation des conditions de vie des élèves dans cet établissement. Fort heureusement, il sera reçu par la suite au Lycée Philipe Zinda KABORE où il fit son premier cycle jusqu’au Baccalauréat. 

Il intègre ensuite, le Centre d’Etudes Supérieures (CESUP) de Ouagadougou, ancienne université de Ouagadougou (actuel UJKZ) où il entame des études de lettres modernes. Après l’obtention de sa licence, il quitte l’université de Ouagadougou pour la France, pour la suite de ses études universitaires. Inscrit à l’Université de Paris III, La Sorbonne Nouvelle, il interrompit sa formation pour retourner au pays. Entre autres raisons de cette suspension, son ardent désir d’occuper un poste de chercheur en ethnomusicologie qui lui avait été proposé par le directeur du Centre Voltaïque de la Recherche Scientifique (CVRS) de l’époque, monsieur Marcel Poussi. 

Après une parenthèse professionnelle de six ans au CVRS, Oger KABORE renoue avec les études universitaires en France grâce à une bourse qu’il obtint. Il s’inscrit cette fois-ci à l’Université des Sciences Humaines de Strasbourg. Passionné de tradition et de culture africaine, il ambitionnait de faire des études en ethnomusicologie, mais, dû renoncer au regard du temps que cela exigeait. Il opta finalement pour les lettres modernes, où il obtient sa maîtrise sur le sujet « Les conditions de la production littéraire en Haute-Volta », (1981) avant de se réorienter à Paris III pour faire des études en ethnomusicologie en DEA sur « Les chansons d’enfants en pays mossi (Haute-Volta). Essai d’analyse ethnolinguistique » (1982) et une thèse de troisième cycle en ethnomusicologie sur le sujet « Niuli zam zam… Essai d’étude ethnolinguistique des chansons enfantines moose de Koupéla, Burkina Faso (ex. Haute- Volta) » (1985). Sa préférence pour cette discipline s’expliquait par le fait qu’elle embrasse plusieurs domaines tels que la tradition orale, la littérature orale, l’ethnomusicologie voire l’anthropologie sociale et culturelle. Toute chose pour lui qui sera un atout pour la carrière qu’il comptait embrasser. Cependant, son enthousiasme sera freiné, puisqu’il sera rappelé au pays sans avoir soutenu par les autorités de tutelle. C’est finalement en 1985, qu’il retourne en France pour sa soutenance de thèse. Après sa soutenance, son document de thèse est déclaré « meilleure thèse de l’année (1985) lors du concours organisé par la célèbre Maison d’Edition française l’Harmattan Paris, et un livre tiré du document et intitulé « Les oiseaux s’ébattent, chansons enfantines au Burkina Faso » a été publié. 

Parcours professionnel et son apport à la science

Oger KABORE a d’abord travaillé comme agent au service des archives sonores du CVRS sous la coupe d’un expatrier américain du « Peace corps » qui collaborait avec le centre et dont l’expertise a permis de former les agents dudit service, dont lui-même. De leur collaboration, plusieurs travaux ont été réalisés notamment des collectes de musiques de groupes socioculturelles de régions du Burkina Faso. C’est après ses études de troisième cycle en France, qu’il réintègre le CVRS devenu CNRST pour mener une carrière de chercheur. En tant que chercheur, ses domaines de compétence sont : Ethnolinguistique, ethnomusicologie,                     Anthropologie sociale et culturelle.  Il a mené plusieurs Travaux de collecte et de conservation de la musique et des traditions orales du Burkina Faso, réalisé l’archivages des documents recueillis. Il a participé à plusieurs programmes de recherche en Sciences Humaines (depuis le CVRS, le Département de Sciences Humaines, l’IRSSH jusqu’à l’INSS actuel). Au plan administratif, Il a occupé le poste de Directeur de l’Information Scientifique et Technique du CNRST d’avril 1992 à avril 1997. 

Au titre des productions scientifiques, Dr Oger Kaboré est auteur de 21 articles scientifiques publiés entre 1981 et 2012, de 4 articles de vulgarisation, de 8 rapports d’études et de recherche. Il a également mis son expérience au service de la formation. Il fut chargé de cours en tradition orale et ethnomusicologie à l’Université (C1 de licence, Art et Communication) et au Centre International d’Etude en Radio Rurale de Ouagadougou (CIERRO) et dans d’autres établissements. Il a aussi assuré l’encadrements de mémoires, participé à de nombreux jurys de soutenance. Il a également participé à plusieurs jurys de concours (FESPACO, Semaine Nationale de la Culture, Spectacles, Musique, etc.) et à plusieurs rencontres internationales d’intérêt scientifique et culturel en Afrique et en France. On note également l’animation de Conférences sur divers sujets au Burkina Faso et en France sur les recherches ethno-anthropologiques sur les Moose. Il totalise 25 communications qu’il a livré u peu partout au Burkina Faso (1987 à 2010).  Il a participé à plusieurs émissions culturelles à la radio nationale, dans les radios privées FM et à la télévision nationale du Burkina. Enfin, il fut membre de plusieurs organismes nationaux et internationaux : APAD (Association Euro-Africaine pour l’Anthropologie du changement social et du développement) crée à Paris en 1991, du Groupe Opérationnel d’Experts de l’Etude Nationale Prospective (GOEP)  « Burkina 2025 » de 1999 à 2005, du Réseau pluridisciplinaire de recherche sur les Littératures d’enfance et de jeunesse dirigé par l’Agence Universitaire de la Francophonie et de la Cellule de Veille Prospective (CVP) « Burkina 2025 » depuis le 24 décembre 2008. Admis à la retraite en Juillet 2014, il fut réquisitionné pour un an, et finalement, c’est en 2015 que son départ à la retraite sera effectif.

Carrière musicale

On peut dire de Oger KABORE qu’il fut homme de science et artiste musicien. Bercé par les musiques traditionnelles du terroir qui rythmaient la vie communautaire villageoise (fêtes, funérailles, travaux champêtres, les chants des femmes et des jeunes le soir au clair de la lune) durant son enfance, il fit piquer très tôt par le virus de la musique. Admirateur des instrumentistes, il rêvait de s’initier. Parmi les instruments de musique, c’est sur la guitare que son choix se porta. Mais, rien ne prédestinait Oger Kaboré à la musique, puisque sa première passion pour l’art était le dessin. Sa passion pour la guitare débuta au Lycée Zinda où il prenait du plaisir à écouter son chef de dortoir jouer. Mais, finalement, c’est aux côtés d’un voisin de quartier alors qu’il habitait l’internat au quartier ZOGONA qu’il sera au contact de la guitare. Depuis, lors, il prit goût et à force de jouer, il se perfectionna et finit par devenir une virtuose. Du reste, c’est avec la guitare, qu’il composa ses premières chansons alors même qu’il était toujours élèves.  Sa première scène musicale publique eut lieu dans la cour du collège de Tounouma filles de Bobo-Dioulasso en juillet 1968. Au plan national, l’artiste auteur-compositeur-chanteur Oger KABORE a été révélé au public grâce à l’émission musicale « vedettes de la chanson » ou « vedettes en herbe » dont les concepteurs étaient Karim Konaté et Pierre Dabiré. Signalons que cette émission a révélé de grands noms de la musique burkinabè tels que Sotigui Kouyaté, Salambéré Joseph dit Salambo, Abdoulaye Cissé, et bien d’autres. Mais, c’est en 1972 que sa carrière musicale sera véritablement lancée avec son intégration dans la célèbre troupe d’alors : « Les ballets de la Volta » qui lui ouvre les portes à l’international (prestation au Niger, en Côte-d’Ivoire, au Bénin et par la suite au Canada).

Dans le domaine musical, Oger KABORE a été aussi Membre fondateur de l’Association Voltaïque des Vedettes de la Chanson (AVVC) avec comme président d’honneur, le regretté Maître Titinga Frédéric Pacéré. Cette structure associative a lutté pour poser les jalons du droit d’auteur dans notre pays. 

Sur le plan de la production musicale, la discographie de Oger KABORE est à la hauteur de son talent. Ses tubes à succès tels que « Ouagadougou », « Gouin soamba », (1974), « Dunda ya kibsa, « Kakoaada qui ont bercé la jeunesse de bon nombre de Burkinabè attestent de cela. Il a également créé de nombreuses productions musicales thématiques sur le FESPACO, la Solidarité Nationale, les Droits des Enfants, qui témoignent de son engagement pour une société meilleure. Dans cette veine, son titre les chercheurs trouvent est justement un clin d’oeil à sa communauté scientifique dans le but d’affirmer l’importance et l’utilité de la recherche pour le développement du Burkina Faso. 

Distinctions

Au titre des distinction honorifique, Dr Oger KABORE a été fait Chevalier de l’Ordre du Mérite des Arts, des Lettres et de la Communication en 2005 et Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques en 2006. Dans le domaine musique, son œuvre a été récompensée en 2010 par un « Kundé d’honneur » et par bien d’autres marques.

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Biographie de Dr Félix COMPAORE 

COMPAORE Noraogo Dolerme Félix est natif de Zitenga dans la province de l’Oubritenga (région du plateau central), précisément du village de Tankounga en date du 31/12/1950. Il est marié, père de deux enfants. Il est Maître de Recherches en Sciences de l’Education.

Parcours scolaire

Comme élève, il débuta son parcours à l’école primaire de Zitenga en 1958. Après l’obtention de son certificat d’étude primaire en 1963, il intègre le collège protestant de Ouagadougou, où il y passe tout son cursus secondaire (1964-1972). En 1972, le brillant parcours de l’élève Félix Compaoré est écourté, puisqu’il est engagé comme enseignant du primaire. Alors débute une carrière professionnelle, qu’il va concilier avec études supérieures. Cependant, cette rupture brusque avec les bancs de l’école n’entame en rien sa détermination à poursuivre son cursus scolaire et sa formation. En 1973, il obtient son baccalauréat (série Lettres et philosophie).  

Parcours académique et carrière d’enseignant

Le cursus universitaire de Dr Félix Compaoré symbolise le parcours d’un homme persévérant.  Débuté en 1973, où il s’inscrit au centre d’enseignement de Ouagadougou en histoire et archéologie, Félix dû renoncer à poursuivre sa formation universitaire, non pas par manque d’ambition, mais, par réalisme, puisqu’il servait comme enseignant dans une localité située à 160 km de la capitale où les cours se déroulaient seulement en présentiels. Malgré tout, il ne se résigna pas et se réinscrit en 1975 au département de Lettres Modernes et obtint une licence en lettres option enseignement en 1977. L’appétit venant en mangeant, il prit une disponibilité et soutient son mémoire de maîtrise en 1980. 

Après sa maîtrise, il embrasse une carrière d’enseignant de lycée et collège dans l’enseignement secondaire, en qualité de Professeur de Lettres d’abord au Lycée Rialé de Tenkodogo en 1980, puis, au Lycée Zinda KABORE de Ouagadougou en septembre 1983. 

Comme enseignant, il était admiré de ses collègues et élèves pour sa rigueur, sa ponctualité, et son dévouement au travail. Au Zinda, Dr COMPAORE s’était également engagé dans le Bureau des CDR dudit Lycée où il a occupé le poste de responsable aux activités socioéconomiques.

Après une brève parenthèse dans l’enseignement secondaire, il renoue avec la formation académique, cette fois-ci en France où il entame des études de troisième cycle.  Inscrit en DEA en 1988 à l’université Paris 8, il décroche le diplôme de sciences de l’éducation en Approches Multi-référentielles des Situations, des Pratiques et des Systèmes éducatifs en 1990. Il s’engage pour des études doctorales qu’il suspend pour des raisons de mobilité professionnelle. Il les reprend en 1995, et soutient en 1997 une thèse de doctorat, dont le titre est : Discours politique et inadaptation de l’école au Burkina Faso (460p) qui s’inscrit dans des Approches plurielles de la Complexité des Situations Educatives.

Ce sujet de thèse s’inscrit dans le prolongement de ses travaux de DEA qui a porté sur « idendité culturelle et réforme du système éducatif ». Dans ce mémoire, il s’était fixé pour ambition de vérifier la place de l’identité culturelle dans les programmes d’enseignement. Dans la même lancée, il a dans ses travaux de thèse, il fait la corrélation entre discours politique (acteurs politiques, administratif et syndicats) et l’inadaptation du système scolaire et parvient à la conclusion que le diagnostic qu’ils font de l’école, de ses contenus et de ses missions, aboutit aux mêmes constats : son inadaptation aux besoins socio-économiques et culturels du Burkina Faso. Alors que faire face à cette réalité du système éducatif ? Les solutions qu’il propose pour pallier aux insuffisances sont les suivantes : 

- réforme obligatoire des programmes ;

- introduction de la production à l’école ;

- orientation de l’enseignement vers les formations professionnelles et techniques pour garantir l’employabilité des jeunes ;

- respect des valeurs de la société Burkinabè en relation avec son histoire, ses langues et en tenant compte des mutations actuelles.

Le séjour parisien de Dr COMPAORE n’a pas été consacré seulement à la formation universitaire, il a aussi été meublé par des activités professionnelles. Dr COMPAORE a occupé cumulativement les postes de conseiller culturel adjoint à l’ambassade du Burkina Faso en France, puis, de directeur du centre de gestion des étudiants. A ce titre, Il a géré de nombreux étudiants et fonctionnaires burkinabè qui poursuivaient leurs études dans l’hexagone. Ces derniers retiennent de lui les qualités d’homme serviable, disponible et de défenseurs des intérêts des étudiants. Sa longévité à ce poste (sept ans) confirme tout le bien qu’on disait de lui. 

carrière de chercheur et responsabilité administrative

D’abord chef de service des relations publiques à la direction de la coopération au CNRST en 1995, c’est après sa formation doctorale en France, que Dr Félix COMPAORE réintègre le CNRST et l’INSS en qualité d’attaché de recherche à partir de 2001 pour y évoluer jusqu’à sa retraite en 2016. Il accède au grade de Chargé de recherche du CAMES en 2003 et de Maître de recherche en 2013. Au plan administratif, il a occupé le poste de chef de département science de l’éducation à l’INSS (2002 à 2011), celui de Directeur des Etudes et de la Planification du Ministère des enseignements Secondaire, Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESSRS) (1997 à 2001), puis, celui de directeur de la Coordination et du contrôle scientifique du CNRST (2011-213).Il a été membre du comité de lecture de la Revue espace scientifique du CNRST. Il est admis à la retraite en janvier 2016. Actuellement, il assure la fonction de Directeur académique du Centre de Recherche Panafricain en Management pour le Développement -CERPAMAD (Etablissement privé d’enseignement supérieur). 

Apport scientifique et expertise professionnelle

Au plan scientifique, on peut relever que l’œuvre de Dr COMPAORE est appréciable. Il a légué à la jeune génération une riche bibliographie de ses résultats de recherche, dont les chercheurs et doctorants en sciences de l’éducation pourront s’en servir. Il est auteurs et co-auteurs de plusieurs ouvrages, articles et rapports scientifiques. L’on citera à titre d’exemples les ouvrages La question éducative au Burkina Faso, regards pluriels » en co-écriture avec Maxime COMPAORE, Marie France LANGE et Marc PILON, paru en 2007, 285 pages, Promotion de la lecture au Burkina Faso : enjeux et défis, Ouagadougou, (2012), Dynamiques éducatives au Burkina Faso : Bilan et perspectives, publié chez Harmattan-Burkina en 2017 etc. Pour les articles scientifiques, Dr COMPAORE totalise entre 2003 et 2013 : 8 articles scientifiques parus dans des revues burkinabè, 4 articles publiés à l’extérieur, et 7 Articles de vulgarisation. 

L’apport scientifique et professionnel de Dr COMPAORE n’a pas concerné que la recherche. Il a été chargé de cours dans les universités publiques et privées, dans les écoles de formation professionnelles (Ecole Normale Supérieure de Koudougou, ENAM). Outre cela, Dr Félix COMPAORE est expert en évaluation et en conduite de projets et d’études. A ce titre, il a conduit la réalisation de plusieurs études de portée nationale et internationale aussi au Burkina Faso que dans la sous-région : l’étude sur « la gouvernance à l’école » pour le compte du CN-EPT, l’évaluation à titre de Consultant concernant la composante qualité sur l’Evaluation finale du Plan Décennal de Développement de l’Education Base du Burkina (PDDEB) (2011-2012), évaluateur du projet « amélioration des conditions d’accès et d’apprentissage des filles et des garçons l’école dans les provinces du Sanmatenga et du Koulpelogo au Burkina Faso (2012), consultant principal de l’étude : stratégie nationale de développement de l’éducation  inclusive (SNDEI) au Burkina Faso (2016-2020), Consultant pour la cartographie des centres d’éducation coraniques dans trois pays à savoir le Burkina Faso, le Sénégal et le Mali (2016) Consultant sur l’Etat des lieux des écoles inclusives à Tibiri, Maradi/ Niger (2017) etc. Par ailleurs il expert en élaboration de Plan. L’on citera sa contribution à l’élaboration du plan stratégique du CNRST, de la politique sectorielle du MESSRS, du plan stratégique de l’Académie nationale des Sciences, des Arts et des Lettres (ANSAL BF). 

Enfin, il fut membre de réseaux, institutions et groupes de recherches : Coordonnateur adjoint de l’Atelier de Recherche sur l’Education au Burkina (AREB), Membre du conseil scientifique de l’ENHI en 2010, Membre du conseil scientifique de l’ISESCO, etc. Comme vous l’aurez remarqué, le chercheur que l’on célèbre ce matin le mérite amplement. Dr Félix COMPAORE dans le domaine de l’éducation au Burkina Faso est un homme qui compte et sur qui on peut toujours compter au regard de sa solide expérience. 

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Biographie de Dr Ardjouma Ouattara

Né le 31 décembre 1951, Dr OUATTARA Ardjouma est géographe de formation, option Organisation et aménagement de l’espace géographique : développement, migrations, urbanisation et environnement ».

Son parcours universitaire et professionnel

Le parcours universitaire de Dr OUATTARA s’est déroulé dans quatre pays, respectivement en Côte-d’Ivoire, au Burkina, en France, puis au Togo. Après l’obtention de son baccalauréat, il débute sa formation académique à l’Université d’Abidjan en Côte-d’Ivoire en 1972. En 1973, il rejoint le Burkina Faso pour poursuivre ses études supérieures au département de géographie de l’Université de Ouagadougou, jusqu’à l’obtention de sa licence en 1976. La suite de sa formation se fera en France, précisément à l’Université Louis Pasteur, Strasbourg I, où il obtient les diplômes de maîtrise en géographie humaine (1976-1977), et de DEA en Organisation et Aménagement de l’espace géographique » Option Géographie du Tiers-Monde. (1977-1978). Il entame des études doctorales en 1981 et soutient une thèse de 3ème cycle en janvier 1982 sur le sujet : « Industrialisation et urbanisation en Haute-Volta : Le cas de Banfora : transformations, problèmes de croissance urbaine et d'organisation spatiale ». En 2012, il s’engage de nouveau dans un projet de thèse de doctorat unique au Département de géographie, faculté des lettres et sciences humaines, Université de Lomé, Togo, qu’il soutient en mars 2016 sur le sujet : « Migrations, urbanisation et processus d’insertion à Ouagadougou (Burkina Faso ». 

Au plan professionnel, Dr Ardjouma Ouattara a intégré le CNRST et l’IRSSH[1] en 1982 où il y passe toute sa carrière jusqu’à son admission à la retraite le 31 décembre 2016. Il est chargé de recherche. Au plan administratif, il a occupé des postes de responsabilité, notamment de chef du service de cartographie au CNRST, puis de Chef de département sciences de la population à l’INSS. 

Apport scientifique et expertise professionnelle

Dr Ardjouma Ouattara a été très prolifique en matière de productions scientifiques. Sa bibliographie est riche de plusieurs publications. Ses productions portent sur les phénomènes d’urbanisation passés et actuelles du Burkina Faso et de l’Afrique de l’Ouest et Centre. Il totalise 13 articles scientifiques et un ouvrage co-écrit entre 1983 et 2008). Outre les productions scientifiques, l’expertise de Dr Ouattara a été utile dans la réalisation de plusieurs études commanditées par des organismes nationaux et internationaux. Il fut coordonnateur équipe du Burkina Faso dans l’étude « Les enjeux des extensions urbaines à Ouagadougou » initiée par la Direction Générale de l’Urbanisme et de la Topographie (DGUT), ORSTOM-Institut Français d’Urbanisme (IFU) (1985 à 1988), coordonnateur équipe du Burkina Faso au Programme régional de recherches régionales, réalisées conjointement par le Burkina Faso, la Côte-d’Ivoire, la Guinée-Conakry, le Mali, le Niger et le Sénégal. (1992-1999), coordonnateur de l’étude « Sécurité d’occupation foncière et immobilière et gouvernance urbaine au Burkina Faso », étude commanditée par ONU HABITAT, pour ne citer que celles-ci. (7 études majeures).

Dr Ouattara a également participé à plusieurs rencontres scientifiques d’envergure nationale et internationale. A l’échelle national, il a pris part à 7 rencontres parmi lesquelles les travaux de la Commission technique interministérielle de relecture des textes de la réorganisation agraire et foncière (RAF) au Burkina Faso, résultat : loi n°034-2012/AN du 02 juillet 2012 portant réorganisation agraire et foncière au Burkina Faso et décrets d’application (février 2011), aux Ateliers de validation des schémas directeurs d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) des douze (12) capitales régionales du Burkina Faso, (juillet-décembre 2012), aux Etats généraux sur les lotissements au Burkina Faso, organisés par le ministère de l’habitat et de l’urbanisme à Ouagadougou (24 et 25 octobre 2013), au Forum urbain national sur « quelle stratégie de coordination de la coopération internationale pour le financement du développement urbain au Burkina Faso ?», à Ouagadougou (octobre 2015), etc. Au plan international, il a participé à des Colloque internationaux au Sénégal, en Guinée Conakry, à Nairobo au Kennya et en France (1984 et 2008). Par exemple au colloque sur le thème « Aménagement sous régional et dynamique des relations rural-urbain » à Conakry en Guinée, (2003), au Colloque international sur « Population, Développement et Environnement dans les Espaces du Sud », organisé par le CICRED-PRIPODE dans les locaux de l’UNESCO à Paris, (21-23 mars 2007), au programme de « formation en transparence dans la gestion foncière pour l’Afrique francophone », à Mbour au Sénégal organisé par Enda-Rup en 2008 entre autres. 

Bien qu’admis à la retraite, Dr OUATTARA continu d’être productif. Il a co-écrit plusieurs publications post retraite dont un ouvrage : « Terre en capitales. Les capitales d’Afrique de l’Ouest face au défi foncier : ABIDJAN, BAMAKO, OUAGADOUGOU, 144 pages en 2023 et de 2 articles scientifiques.  Il intervient également au Cabinet « G2 CONCEPTION INTERNATIONAL » Ouagadougou, en tant que coordonnateur scientifique des études d’urbanisme, instructeur de rapport d’étude (2017 à nos jours). A ce titre, il a participé à la réalisation l’élaboration du schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) pour la ville de Pama, province de la Kompienga, de la politique nationale de l’habitat et du développement urbain (PNHDU) et de la stratégie nationale de l’habitat et du développement urbain (SNHDU) du Burkina Faso.

Le mérite de Dr OUATTARA a été reconnu par les autorités de tutelle. Il est double médaillé : Chevalier de l’ordre des palmes académiques, (2008) et Officier de l’ordre des palmes académiques (2013). 

Note de bas de page

[1] Institut de recherche en sciences sociales et humaines