L'Institut de Recherche en Sciences de la Santé, à travers le Projet Target Malaria, a commémoré, le 20 août 2024, à Bobo-Dioulasso, la Journée mondiale du moustique. Dans le cadre de cette commémoration, il a organisé, le 21 août 2024, une rencontre d'information et de sensibilisation, au profit des journalistes et communicateurs, sous le thème : « Atteindre l'objectif zéro paludisme ».
Concrètement, au cours de cette rencontre, plusieurs capsules de sensibilisation ont été présentées sur le Projet Target Malaria, ses résultats et les avis des parties prenantes du projet. Les participants sont venus de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Ce sont une vingtaine de journalistes de plusieurs médias, de communicateurs d’institutions gouvernementales et de bloggeurs.
À quand le Gene Drive ?
Selon Pr Abdoulaye Diabaté, Investigateur principal du Projet Target Malaria au Burkina Faso, la technologie est prête, mais il faut encore patienter pour un lâcher final.
« La technologie du Gene Drive que nous développons avec Target Malaria est pratiquement prête. Mais, il n'y a pas que les aspects scientifiques et techniques. Il y a des aspects très importants à considérer comme la communication, les questions transfrontalières, etc. Il faut peut-être attendre encore un peu, quatre ou cinq ans, afin que nous ayons toutes les assurances que le jour où on lâche les moustiques, tout le monde est au courant », a-t-il affirmé.
Quel pourrait être l'apport de Target Malaria dans la lutte contre le paludisme ?
À cette question, Pr Diabaté répond que la recherche est très importante.
« La recherche est très importante dans la résolution des problèmes de santé que nous avons. Notre recherche permet de comprendre la chaîne de transmission des agents mis en cause et de développer les solutions spécifiques à ces agents, y compris ce que nous sommes en train de faire à Target Malaria et tous les autres outils comme le vaccin. Mais pour résoudre les problèmes de santé, il n'y a pas que les aspects scientifiques et techniques à prendre compte. Il y a aussi les aspects politiques et les aspects communautaires », a-t-il assuré.
Target Malaria et la propagation de la dengue au Burkina Faso
Pour Pr Abdoulaye Diabaté, il faut vite mettre fin à cette contre-vérité scientifique. « Le vecteur de la dengue, c'est l'espèce Aedes. Et le vecteur du paludisme est l'espèce Anopheles. Notre projet cible le moustique responsable du paludisme. Donc, notre travail n'est pas à l'origine de la flambée récente de la dengue au Burkina Faso. Il faut l'expliquer clairement aux populations pour ne pas laisser ces contre-vérités scientifiques se propager », a-t-il asséné.
Le projet se déroule en toute transparence
À en croire l'investigateur principal du projet, la transparence est de mise. « Aucun travail n'est exécuté sans l'accord préalable et la sensibilisation des populations des sites ciblés par le projet. Nous avons les autorisations et la surveillance de l'Agence Nationale de Biosécurité. Nous avons aussi le site internet pour donner l'information nécessaire. Nous avons des rencontres avec toutes les parties prenantes afin que tout le monde soit informé », a-t-il dit.
Les acquis du projet Target Malaria
Enfin, le chercheur a précisé que les acquis du projet sont nombreux. « Nous avons désormais un insectarium de niveau 2 où nous faisions nos recherches. Ensuite, nous avons formé le capital humain pour la maîtrise de la technologie. Désormais, nous avons des experts nationaux formés, capables de travailler sur la technologie. Nous avons aujourd'hui le leadership dans ce domaine et il faut le dire », a-t-il indiqué.
Du reste, en avril 2024, le Pr Diabaté a présenté une communication, lors de la Conférence TED à Vancouver.
« Cette conférence réunit et met en lumière toutes les grandes innovations du monde qui ont un grand impact sur la vie de nos différentes communautés. Nous avons eu la chance d'être invités pour présenter les activités de Target Malaria. Et je suis vraiment fier de voir que nos travaux ont de l'intérêt et que, malgré la situation difficile au Burkina Faso, notre recherche est magnifiée au niveau international », a-t-il conclu.
Jean-Yves Nébié