FESPACO 2025 : Entrons dans l'univers du maquillage cinéma

Submitted by RedacteurenChef on Wed 26/02/2025 - 08:27
FESPACO 2025 : Entrons dans l'univers du maquillage cinéma

Dans le cadre de la vingt-neuvième édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), nous avons rencontré Françoise Sedogo, Maquilleuse professionnelle de cinéma. Elle nous entraîne un peu dans l'univers du maquillage et des effets spéciaux, éléments essentiels du cinéma.

Pouvez-vous nous présenter votre métier de maquilleuse de cinéma ?

Une maquilleuse de cinéma est la personne qui aide les comédiens à mieux incarner leur rôle.

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Françoise Sedogo, Maquilleuse professionnelle de cinéma
Françoise Sedogo, Maquilleuse professionnelle de cinéma

 

Par exemple en cas de blessure dans le rôle à jouer par le comédien, le maquillage de la plaie permet à celui-ci de se mettre réellement dans la peau d’une personne blessée.

Dite-nous, depuis quand cette passion du maquillage vous a-t-elle prise ?

Depuis 2008. Il faut dire que j'ai commencé avec le jeu d’acteur, et comme j’aime naturellement me maquiller, je me suis dis pourquoi pas embrasser ce métier.

Avez-vous suivi une formation en la matière ?

J’ai d’abord commencé dans le tas avec une grande sœur du domaine, Odette Bayala, avant d’aller me faire former en Belgique et en France. Je suis devenu moi-même formatrice depuis 2019 afin d’assurer la relève.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de ce métier ?

Les principales difficultés se situent sur les plateaux de tournage. Quand on parle de raccord maquillage. En effet, au cinéma on n’aligne pas les séquences au tournage mais au montage.

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La maquilleuse réalise des effets spéciaux de qualité
La maquilleuse réalise des effets spéciaux de qualité

On peut tourner la vingtième séquence aujourd’hui et tourner la première séquence demain. La maquilleuse devra faire le même maquillage qui prend assez de temps.

Aussi, notre métier n'est pas primé au FESPACO. Nous sommes un peu oubliés dans les cérémonies de récompense, pourtant nous jouons un rôle essentiel dans les coulisses. Nous menons donc un plaidoyer afin que le métier de maquilleuse soit primé au FESPACO.

Peut-on bien vivre du métier de maquilleuse ?

Je peux répondre par l’affirmatif car c’est ce qui m’amène à voyager et être le plus souvent entre deux avions.

Comment trouvez-vous vos contrats avec les réalisateurs ?

C’est le travail bien fait. Par exemple si dans un projet sur lequel j’ai travaillé sort, un réalisateur peut demander l’adresse de la maquilleuse qui a travaillé dans le film à son collègue. C’est aussi mentionné dans le générique.

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Affiche du film « Les invertueuses »

D'ailleurs, pour cette édition du FESPACO, j’ai travaillé sur trois films, qui sont en compétition officielle, dont un en compétition pour l’Étalon d’or de Yennenga.

Quels sont ces films ?

Il s'agit de : « Les invertueuses » de Aicha Boro ; « Une si longue nuit » de Delphine Yerbanga ; « Foulsaré » de Ismaël Compaoré.

Dans lequel de ces films avez-vous eu une plus grande difficulté ?

Je dirai bien dans « Les invertueuses », car il fallait métamorphoser une jeune fille de 33 ans en une vieille dame de 78 ans. Cela m’a demandé beaucoup d’efforts. Et c’était un challenge parce que ce n’était pas évident.

Au début, à la lecture du scenario, j’ai cru que j’aurai affaire à une femme âgée, mais je devais vieillir une jeune dame et c’était difficile.

Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes qui veulent embrasser ce métier ?

Je dirai d’abord d’avoir la passion pour ce métier car il est compliqué. Quand je commence une formation avec 20 personnes, je peux me retrouver avec 7 ou 8 personnes au final. C’est un métier où il faut sacrifier son sommeil. Souvent nous commençons à 5 heures du matin pour finir à minuit.

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Affiche du film « Les invertueuses »
Deux actrices présentant de graves brûlures, grâce à la magie des effets spéciaux

Aussi nous tournons toute la nuit, donc il faut vraiment être passionné pour se surpasser et donner le meilleur de soi-même.

Quelle est la différence entre le maquillage cinéma et les effets spéciaux ?

Le maquillage cinéma, c’est juste maquiller l’acteur, lui refaire une beauté quand il le faut. Par contre, les effets spéciaux font partie de la famille du maquillage cinéma, mais c’est un autre niveau. Il consiste à faire des plaies, à rajeunir, à vieillir, à amputer, à créer des impacts de balle, etc.

Combien de temps vous faut-il pour réaliser un maquillage ?

Le maquillage varie de 5 minutes à 2 heures. Tout dépend de la description du rôle et de l’attente du réalisateur.

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Françoise en pleine séance de maquillage de l'acteur principal du film « « Foulsaré »
Françoise en pleine séance de maquillage de l'acteur principal du film « « Foulsaré »

Les effets spéciaux prennent plus de temps, surtout le vieillissement. Cela peut prendre entre 30 mn à 2 heures.

Entre un homme et une femme, qui est le/la plus difficile à maquiller, en termes de temps ?

Le maquillage des femmes prend plus de temps que celui des hommes. Celui des hommes ne prend pas plus de 5 minutes.

Avez-vous une adresse ?

Je suis basée à Wemtenga. J'ai mon entreprise, qui s’appelle « Stars Make-up up ». Je fais des formations professionnelles et je continue à pratiquer sur les plateaux.

Myriam Ouédraogo