
Enfin, le Burkina Faso remporte son troisième Étalon d'or de Yennenga, après Idrissa Ouédraogo et Gaston Kaboré. À la vingt-neuvième édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, le réalisateur burkinabè, Dani Kouyaté a été sacré Étalon d'or de Yennenga, avec son film « Katanga, la danse des scorpions », le 01 mars 2025. Projecteurs.
Clameurs et tonnerre d'applaudissements. Enfin, peut-on désormais s'écrier. Après Idrissa Ouédraogo (Tilaï, 1991) et Gaston Kaboré (Buud yam, 1997), Dani Kouyaté offre au Burkina Faso son troisième Étalon d'or de Yennenga, sacre suprême décerné au meilleur film de fiction long métrage lors du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Avec « Katanga, la danse des scorpions », il entre dans le panthéon très fermé des réalisateurs burkinabè ayant remporté ce prestigieux prix.

Selon Dani Kouyaté, fils du célèbre acteur burkinabè Sotigui Kouyaté, ce prix récompense la longue attente des burkinabè. « Cela fait longtemps que nous attendions cette récompense que je dédie à tout le peuple burkinabè et aux vaillantes forces de défense et de sécurité. C'est une immense joie », a-t-il clamé, dès les premiers moments.
Pour Lazare Minoungou, un des acteurs principaux de « Katanga, la danse des scorpions », la joie est aussi immense. « Je suis très heureux ce soir. J'étais confiant parce qu'on a beaucoup travaillé sur le projet. À la dernière édition, en 2023, nous avons manqué le sacre de justesse. Enfin, je suis heureux d'avoir participé à ce beau projet », a-t-il affirmé.
« Katanga, la danse des scorpions »
Intrigues, contorsions, changements de bord, complots politiques. Le cinéphile est, avec « Katanga, la danse des scorpions » (d’après « La Tragédie de Macbeth » de William Shakespeare), plongé dans les couloirs sinueux, officieux et obscurs du pouvoir politique, où se font et se défont les destins des rois, des notables, des officiers, des soldats et des sujets.
Après un complot raté contre sa couronne, le roi Pazouknaam nomme son cousin Katanga au poste de chef des armées. Conscient de la lourdeur de la tâche, Katanga consulte un devin pour la réussite de sa mission. Le devin lit dans le sable que Katanga devrait être roi à la place de son cousin, ou il devrait mourir avec lui lors d'un prochain complot. Poussé par la soif inextinguible du pouvoir de sa femme, Katanga succombe et commet un régicide. Mais, tout ne se passe pas bien. Il sombre dès lors dans les travers du mal pour défendre son pouvoir. Les assassinats aveugles deviennent monnaies courantes, forçant ses sujets au silence et ses potentiels opposants à l'exil...
Des qualités essentielles...
Le film est un conte politique, préparé avec maestria. Tourné en noir, le film a de beaux décors, une musique originale et des bruitages captivants dominés par la flûte et le tambour (par Dramane Dembélé et Pascal Zander), des costumes élégants inspirés de la culture moagha (par Anuncia Blass Kouyaté).
Les acteurs du film sont des professionnels du cinéma et du théâtre burkinabè, qui ont parfaite maîtrise du Mooré (car le dialogue du film est entièrement écrit et interprété dans cette langue nationale). Le choix des premiers et seconds rôles a été assuré par le Directeur de Casting, Ildevert Méda.
Les acteurs du film sont : Lazare Minoungou (Tangby) ; Mahamadi Nana (Katanga) ; Lionel Bambara (Wendemi) ; Hafissata Coulibaly (Pougnéré) ; Rasmané Ouédraogo (Sidnooma) ; Justin Ouidiga (Bugum) ; Adissa Ilboudo (Soubila) ; Issa Ouédraogo (Gandaogo) ; Prosper Compaoré (Pazouknaam) ; Lazare Kaboré (Tengsoaba) ; Ildevert Méda (le médecin) ; Dramane Ouédraogo (Prince Raogo) ; Abdoulaye Komboudry (Lalé, le devin) ; Aï Kéïta (La Reine-mère) ; Claire Traoré (Kuiliga) ; Charles Wattara (Nyamba) ; Alexis Kombassé Yaméogo (vieux bronzier) ; Joséphine Kaboré (La dame barbue) ; Serge Ouédraogo (Sidgomdé).
Ils ont su rendre, avec maîtrise et émotions, les métaphores, les symbolismes, les hyperboles, les antithèses et les antiphrases contenus dans les dialogues en Mooré, adaptés et scénarisés par Dani Kouyaté.
Le film a tout remporté cette année
À cette édition, en plus du sacre suprême, le film a raflé de nombreux autres prix : le Prix du public décerné par la Radio Télévision du Burkina ; le Prix de la Critique africaine Paulin Soumanon Vieira, le Prix spécial du Fonds de développement culturel et touristique, le Prix Sembène Ousmane de la Fondation Ecobank, le Prix de l’UEMOA dans la catégorie long métrage fiction.
Le réalisateur...
Brièvement, Dani Kouyaté, fils de Sotigui Kouyaté, né le 4 juin 1961 à Bobo-Dioulasso, est un descendant d'une famille de griots pratiquants. Il est conteur, musicien, metteur en scène de théâtre et de cinéma, enseignant au département d'Anthropologie Culturelle de l'Université d'Uppsala, enseignant à l'École de Cinéma et Théâtre de Wiks Folkhögskola à Uppsala en Suède.
Jean-Yves Nébié
Filmographie de Dani Kouyaté
- 1989 : Bilakoro (coréalisation avec Issa Traoré de Brahima et Sékou Traoré (court métrage)
- 1991 : Tobbere Kossam (court métrage)
- 1992 : Les Larmes sacrées du crocodile (court métrage)
- 1995 : Keïta ! L’Héritage du griot (long métrage, Prix Oumarou Ganda de la première œuvre)
- 1998 : À nous la vie (série télévisée)
- 2001 : Sia, le rêve du python (long métrage)
- 2003 : Ouaga saga (long métrage, Prix Graine de Baobab Wamdé, 19e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou en 2005)
- 2004 : Joseph Ki-Zerbo identités (documentaire, Prix spécial UEMOA TV/ vidéo professionnelle au 19e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou en 2005)
- 2008 : Souvenirs encombrants d’une femme de ménage (documentaire)
- 2013 : Femmes, entièrement femmes (docufiction) coréalisé avec Philippe Baqué. Durée 52 min. Mamounata Nikiéma est associée à ce film en tant que productrice exécutive
- 2013 : Soleils (long métrage)
- 2016 : Tant Qu’on Vit (long métrage)