L’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest-Unité Universitaire à Bobo-Dioulasso (UCAO-UUB) a procédé, le 30 juin 2023, dans l’enceinte de l’institution, au lancement officiel du projet de recherche Stop-NCD. Ce projet de recherche-action vise à contribuer à la lutte contre les maladies non transmissibles (MNT) comme le diabète, l’hypertension artérielle et les maladies mentales.
Concrètement, Stop-NCD est un projet sous-régional qui concerne le Burkina Faso, le Niger et le Ghana. Il consiste en une recherche-action interdisciplinaire en consortium visant à construire de solides connaissances des contextes nationaux pour co-produire et évaluer consécutivement des paquets d’interventions avec les parties prenantes, avec un renforcement continu des capacités institutionnelles, individuelles et collectives. Il s’agit aussi d’un partage des leçons apprises pour des actions préventives et curatives plus efficaces de lutte contre les maladies non transmissibles au Burkina Faso.
Le projet est mis en œuvre conjointement par les équipes de recherche des institutions membres du consortium dont fait partie l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO-UUB). Il s’agit du Ghana College of Physicians and Surgeons (GCPS) et de l’Université d’Ashesi pour le Ghana, du Laboratoire d’Études et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local (LASDEL) au Niger, en partenariat avec London School of Hygiene and Tropical Médicine en Angleterre.
Selon Dr Maurice Yaogo, enseignant-chercheur en anthropologie et sociologie de la santé, investigateur principal et coordonnateur du projet Stop-NCD au Burkina Faso, le projet comporte deux volets. Il s’agit d’abord de la recherche, « pour apporter des preuves de ce qu’on ne connait pas sur la situation de ces maladies dans le pays. Á partir de l’analyse de la situation, il faut rassembler les parties prenantes pour réfléchir aux solutions adaptées à apporter pour lutter contre ces maladies dans notre pays ». A la suite, « le volet action sera mis en œuvre dans certaines parties du pays et la recherche va continuer à analyser, à évaluer les résultats pour tirer des leçons afin d’éclairer les décideurs, dont le ministère de la Santé, et tous les acteurs impliqués sur le terrain. Le projet a une durée de cinq ans », a-t-il indiqué.
Pour N’Golo Barro, représentant du Gouverneur des Hauts-Bassins, ce projet est salutaire. « Elle peut nous permettre de lutter efficacement contre ces maladies non transmissibles et d’améliorer la santé de nos populations. Ces maladies non transmissibles constituent de véritables problèmes pour nos pays. Nous ne ménagerons aucun effort pour apporter notre soutien pour l’atteinte des objectifs du projet », a-t-il affirmé.
De son côté, Dr Paul Ouédraogo, Délégué du Comité épiscopal de tutelle ecclésiastique (CETE), l’autorité de gouvernance de l’UCAO-UUB, a souligné que le projet vise la prévention, le diagnostic et la gestion des maladies non transmissibles (diabète, hypertension artérielle, troubles mentaux). « Les impacts attendus sont l’amélioration du bien-être et de la santé des populations, le renforcement multiforme et durable des capacités de recherche des étudiants et enseignants-chercheurs », a-t-il dit.
Quant à Dr Jean Noel Poda, Directeur de la recherche et de la coopération de l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO-UUB), ce projet suscite l’engouement de tous les acteurs. « Le Niger, le Ghana et le Burkina Faso concentrent, en Afrique subsaharienne, la diversité des maladies non transmissibles. Ce sont des problèmes de santé qui impactent les populations et les Etats. C’est pourquoi ce projet suscite l’espoir des populations », a-t-il déclaré.
Impact des maladies non transmissibles
La charge mondiale des maladies non transmissibles constitue un problème majeur de santé publique et un défi pour le développement. Les conséquences sanitaires (impact socio-économique pouvant compromettre les plans de développement durable, vulnérabilité accrue des personnes socialement défavorisées, coûts exorbitants des traitements et pertes des revenus liés aux soins pour ces maladies chroniques, pauvreté accrue), montrent l’importance à accorder à cette catégorie de maladies. Le constat est que leurs modes de transmission non vectoriels en ont fait, par le passé, des maladies non priorisées ou même négligées pour certaines affections et dans les politiques et les programmes de santé. Cette situation perturbe le développement économique et social dans le monde et l’atteinte des objectifs de développement durable dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (OMS 2014).
Par ailleurs, plusieurs facteurs de risque communs d’ordre comportemental (tabac, alcool, régime alimentaire déséquilibré, inactivité physique, faible consommation de fruits et légumes), biologique (surcharge pondérale et obésité, tension artérielle élevée, glycémie élevée, lipides sanguins anormaux, facteurs cardio-vasculaires), sont connus, en plus des facteurs de risque combinés.
En plus, des problèmes demeurent dans la prise en charge des maladies non transmissibles généralement mal connues, non encore pleinement intégrées dans une vision holistique de la santé globale (One Health) et non plus prises en compte dans les priorités de développement. En outre, la gravité de ces maladies et les possibilités thérapeutiques existantes ne sont pas suffisamment connues de la population.
Jean-Yves Nébié