Radio communautaire et personnes déplacées internes : Une « communauté médiatique » décomplexée

Soumis par RedacteurenChef le mar 19/12/2023 - 08:58

Résumé

Sur base d’entretiens semi-directifs réalisés en aout 2022 auprès de journalistes de radios communautaires émettant dans cinq régions à fort défi sécuritaire et humanitaire au Burkina Faso (Nord, Centre-Nord, Sahel, Est et Boucle du Mouhoun), cet article, tiréé d’une recherche publiée (Yaméogo, 2022), met en exergue le rôle que joue la radio communautaire dans les situations d’urgence et de conflits. Il montre que cette radio accorde un intérêt soutenu aux préoccupations des personnes déplacées internes (PDI) des régions étudiées en les faisant inscrire dans son agenda et en faisant d’elles des journalistes de circonstance. Cette co-construction des problèmes publics que vivent les PDI est un réconfort, une source de catharsis sociale pour elles, mais aussi un guide pour le déploiement judicieux et opportun des interventions humanitaires. Le personnel radiophonique et les PDI forment une même « communauté médiatique » (Domome, 2019) participant à renforcer les liens sociaux et une solidarité agissante.

Mots clés : radio communautaire, PDI, crise humanitaire, communauté médiatique, Burkina Faso

Introduction

Le rôle de la radio communautaire dans les crises contemporaines (catastrophes naturelles, conflits armés, conflits communautaires…) a fait l’objet de nombreuses publications en Afrique subsaharienne (Ogallo, 2003 ; Yaméogo et Heywood, 2022). Cette recherche se veut un prolongement de ces travaux. Elle questionne les interrelations entre la radio profondément ancrée dans la vie sociocommunautaire et des publics spécifiques : les personnes déplacées internes (PDI) au Burkina Faso. Ces personnes ont fui leurs concessions et leurs villages pour devenir des réfugiés dans leur propre pays du fait des agressions terroristes. Elles font face à d’énormes problèmes (logement, nourriture, eau, santé, éducation, etc.) qui viennent encore accentuer leur détresse et leur souffrance. Les zones touchées par ces déplacements forcés couvrent une large partie du territoire national. À la date du 31 mars 2022, près de deux millions (1 850 993) de PDI, soit 10% des Burkinabè ont été enregistrés dans le pays (CONASUR, 2022).

Dans ce contexte de fragilité sociale et de paix précaire, la radio – communautaire – le média par excellence le plus proche des communautés pour son accessibilité tarifaire (INSD, 2006)[1] et linguistique (Lamizana et al. 2018) joue un rôle imminemment important. Les réponses humanitaires destinées à soulager les populations affectées ne sont souvent efficaces que lorsqu’elles sont soutenues par les médias, notamment la radio, le média le plus écouté en Afrique subsaharienne (Tudesq, 2009). Comment alors les radios communautaires ou de proximité médiatisent-elles la crise humanitaire et les PDI ? Comment ces communautés extrêmement vulnérables et déboussolées sont-elles prise en compte dans les programmes radiophoniques et comment perçoivent-elles leur participation auxdits programmes ? Nous avançons l’hypothèse que les radios de proximité forment avec les personnes déplacées internes une « communauté radiophonique » (Damome, 2019) ou des publics médiatiques, définis comme « tous ceux qui se sentent liés, qu’ils se connaissent ou non, habitent la même localité ou non, en aient conscience ou non, par l’écoute d’un même média ou d’une même émission » (Damome, 2019) ; ou encore « des publics (constitués a posteriori) qui sortent de l’ombre pour interagir entre eux et avec le média, et qui vont parfois jusqu’à former une organisation formelle ou informelle, autonome ou suscitée/encouragée par le média » (Damome, 2019). En d’autres termes, cette recherche veut saisir la manière dont un lien et un imaginaire communautaires structurent les relations entre le personnel radiophonique et les PDI.

Méthodologie

Cette recherche s’appuie sur la notion de « communauté médiatique » (Damome, 2019) pour analyser les rapports que la radio communautaire entretient avec les personnes déplacées internes ainsi que les rôles qu’elle leur attribue. Elle  couvre cinq zones d’étude correspondant à aux régions administratives du Burkina Faso les plus touchées par les crises sécuritaire et humanitaire. Ce sont, comme le montre la carte ci-dessous, les régions du Centre-Nord (655 891 PDI), du Sahel (568 598 PDI), du Nord (218 695 PDI), de l’Est (162 699 PDI) et de la Boucle du Mouhoun (77 001 PDI).

Localités d'accueil des PDI

Dans chaque région administrative, c’est la province qui abrite le plus grand nombre de PDI et la radio de proximité qui enregistre le plus fort taux d’audience qui est sélectionnée.  Les radios suivantes répondent aux critères de sélection selon le classement de l’INSD & FAPP (2021) : Radio Manegda (Kaya) pour la région du Centre-Nord, La Voix du Soum (Djibo) pour le Sahel, La Voix du Paysan (Ouahigouya) pour le Nord, la radio Tin-Tua (Fada) pour la région de l’Est et la radio Salaki (Dédougou) pour la région de la Boucle du Mouhoun. Dans chaque région radiophonique, deux catégories de publics clés ont été interviewées : les journalistes et les PDI. Deux journalistes (dont un responsable éditorial) par radio et neuf PDI dont quatre femmes désignées parmi les auditeurs / trices été interrogées en août 2022. À ces entretiens s’est ajouté un second matériau : la grille des programmes des radios étudiées diffusée du 1er janvier au 30 juin 2022. Les données ont été collectées par des enquêteurs recrutés dans les provinces où sont implantées les radios. Les grilles des programmes ont fait l’objet d’une analyse de contenu et les entretiens, d’une analyse thématique.

Résultats

Des relais communautaires et des clubs d’écoute PDI

Grâce aux soutiens des partenaires techniques et financiers, les radios communautaires ont mis en place des clubs d’écoute ou des relais communautaires PDI, créant une relation de proximité voire de compagnonnage entre les animateurs, les émissions et les PDI. Dans certaines radios, des PDI sont formées comme intermédiaires entre la radio et leurs pairs pour faciliter non seulement l’écoute des émissions, mais aussi la production de contenus sur leur propre situation (conditions de vie, d’hébergement, de santé, disponibilité des vivres, etc.). Des PDI sont formées pour recueillir les préoccupations de la communauté affectée qu’elles transmettent in fine à l’équipe de production de la radio pour des sujets d’émissions. C’est le cas de la radio La Voix du Paysan de Ouahigouya qui, avec l’appui de la Deutsche Welle Akademie, a mis en place depuis 2017 un programme d’informations de proximité, porté essentiellement par une dizaine de correspondants disséminés dans les prinicpaux département de la région du Nord. La dégradation prononcée de la situation sécuritaire a contraint la majorité de ces correspondants à se  réfugier à Ouahigouya où la radio continue de les solliciter dans le cadre de ses programmes avec les PDI. « Chez nous, nous les appelons des relais communautaires. Certains jouent le rôle de correspondant et d'autres nous proposent des sujets que nous traitons à l'antenne ou dans des émissions » (La Voix du Paysan, Ouahigouya).

À la radio Salaki de Dédougou, les clubs d’écoute, soutenus par le projet ‘’Bien-être de la femme et de l’enfant (BEFEN)’’, sont également constitués de femmes. Celles-ci se retrouvaient chaque dimanche pour des écoutes collectives critiques des émissions qui leur sont dédiées, mais avec la dégradation de la situation sécuritaire, le projet leur a offert des postes radio pour des écoutes individualisées. La radio a également des points focaux PDI, une espèce de système d’alerte, qui lui font remonter les nouvelles des sites d’hébergement. Les PDI sont ainsi associées au processus de production de l’information sur leur propre situation en exerçant diverses fonctions : la fonction de transmission de sujets d’émissions aux radios, la fonction critique des émissions pour qu’elles répondent le mieux à leurs réalités vécues et aux besoins d’information et la fonction de monitoring des émissions. Comme l’affirme Carlos A. Arnaldo, « la radio communautaire s’inscrit dans un processus social qui associe les membres de la communauté à l’élaboration, à la production et à la diffusion de programmes ; elle leur permet ainsi de devenir les acteurs réels de leur destinée » (Fraser et Estrada, 2001). Cette approche de communication « par le bas », contrairement à la communication « par le haut » qu’expérimentent certains médias d’information générale basés à Ouagadougou, vient rappeler le rôle social de la radio communautaire. En faisant des PDI des « journalistes » et des « critiques radiophoniques », les radios communautaires s’illustrent de fort belle manière comme des outils de la communauté au service de sa cause, ce qui fonde d’ailleurs leur raison d’être. Les responsables des radios communautaires se reconnaissent dans ce rôle. « Naturellement, nous traitons des informations en lien avec les PDI parce qu’effectivement nous sommes une radio communautaire et tout ce qui touche à la communauté nous touche. Tout ce qui affecte la communauté, affecte notre radio, car nos émissions ne traitent que de la vie de la communauté » (Radio Salaki, Dédougou).

 Cette relation de dépendance étroite entre communauté et radio locale s’illustre dans les propos des acteurs par une autolégitimation du rôle que joue cette radio dans la communauté. Les animateurs et le management de la radio communautaire se représentent comme des représentants ou des porte-paroles légitimes de la communauté. Ce sont eux qui portent dans l’espace public le quotidien de la communauté, leur apportant, parfois, par ce truchement, des réponses à leurs problèmes. De l’avis de certains responsables de radio communautaire, le village sans la radio et la radio sans le village est facteur de déséquilibre social voire sociétal. La radio communautaire incarne la vie locale d’où son ancrage social et communautaire et son rôle de premier plan dans l’animation de la vie communautaire. De ce fait, la co-construction des émissions avec les PDI est une sorte de miroir reflétant les réalités effectivement vécues et cela contribue, sans doute, à les réconforter. 

Un dialogue radiophonique direct entre PDI, populations hôtes et humanitaires

Par le biais des ondes, les radios communautaires ont institué des espaces d’expression directe entre personnes déplacées internes, populations hôtes et acteurs humanitaires locaux. Les émissions interactives, les magazines et les tables rondes sont des tribunes de discussion, d’interpellation, de dénonciation, de veille citoyenne et, même parfois, de bilan permettant à ces composantes sociales de se parler. Ce radio-dialogue permet un auto-diagnostic, une autosaisine, voire une auto-prise en charge des problèmes qui ébranlent le vivre-ensemble, la coexistence pacifique et le bien-être communautaire. Ces émissions ont permis aux acteurs humanitaires de réorienter l’aide alimentaire, initialement destinée uniquement aux PDI, vers les deux communautés : les populations hôtes qui sont les premiers secours des personnes déplacées en termes d’accueil et ces dernières elles-mêmes. Toutes les radios étudiées témoignent que les émissions interactives sont les moments privilégiés pendant lesquels les PDI et les populations hôtes interagissent directement avec les acteurs humanitaires sur des préoccupations les concernant. Ce dialogue intercommunautaire a souvent été un lieu de médiation et de diffusion d’exemples de bonnes pratiques d’entraide, de vivre-ensemble, d’intégration réussie des PDI dans les sites d’hébergement et dans les ménages d’accueil. « Des PDI étaient frustrées et mécontentes de la manière dont se déroulait la distribution des vivres ; elles préparaient une marche, mais cette situation a été résolue grâce à une émission interactive pendant laquelle, personnellement, j’ai pris [en interview] le directeur régional en charge de l’action humanitaire au téléphone en direct à la radio pendant 45 minute à la fin de l’émission. Et, après son intervention, j’ai été obligé de dépasser l’heure de l’émission pour laisser le temps aux auditeurs, notamment les PDI et les populations hôtes, d’apprécier la situation. Les appels que je recevais après les explications du directeur régional, c’était pour dire : ‘’on a compris, on laisse tomber la marche’’. Vous voyez comment la radio a contribué à désamorcer la crise ? Il y a plein d’autres cas comme ça qui ont été résolus grâce nos émissions » (Radio Manegda, Kaya).

Par ce dialogue tripartite (PDI, populations hôtes et humanitaires locaux, les principaux acteurs directs de la crise humanitaire), les radios communautaires démontrent encore une fois qu’elles sont des outils de communication sociale qui prennent à bras-le-corps les problèmes des communautés « par le bas » et non « par le haut ». Elles permettent aux communautés elles-mêmes de trouver des solutions à leurs difficultés par le dialogue et la concertation radiophoniques, ce qui cultive, en filigrane, l’auto-développement.

Entendre les voix de PDI à la radio, un réconfort et un soulagement

L’engouement des PDI pour la radio a déjà été démontré dans plusieurs travaux de recherche (Yaméogo et Heywoo, 2022 ; Bazongo et Beurel, 2020). C’est leur média préféré, tout comme la majorité des Burkinabè qui ont, comme principale source d’information, la radio (INSD, 2020). Cet enthousiasme s’accentue quand les PDI entendent des voix de PDI parler de leurs préoccupations dans les radios. Plus qu’un enthousiasme, c’est un soulagement, un réconfort. « (…) Oui bien sûr ! Récemment, j’écoutais un homme et une femme, tous des PDI, s’exprimer à la radio. Des PDI qui s’expriment à la radio vivent les mêmes réalités que nous. Elles ne vont pas mentir, et ça peut aider à avoir des vivres. Tu vois, nous sommes ici et nous ne savons pas comment avoir de quoi nourrir nos familles » (Femme PDI, 50 ans, Dédougou). La radio est aussi présentée comme un canal de catharsis sociale. « J’ai déjà écouté des émissions à plusieurs reprises où intervenaient des PDI et des personnes vulnérables. Si ces personnes parlent de leurs problèmes à la radio, ça soulage beaucoup ceux qui pensaient être seuls dans leur situation » (Homme PDI, 53 ans, Kaya).

La radio communautaire est pour les PDI un outil d’autoréflexivité. Elles se redécouvrent ou redécouvrent, à travers les ondes, leur situation, leurs difficultés, leur vulnérabilité, mais dans le même temps, elles sont soulagées par le simple fait de voir la radio prendre en charge leurs préoccupations existentielles et même de survie. Elle a une vertu thérapeutique. Car s’écouter à la radio permet d’apaiser la souffrance, de se libérer un tant soit peu du fardeau de la vulnérabilité et même de communautariser la détresse. Communautariser la détresse, c’est admettre qu’on n’est pas seul dans la situation ou qu’on partage avec d’autres personnes les mêmes soucis. Et pour beaucoup de PDI, savoir, par le biais des ondes, que les problèmes qu’elles vivent sont d’ordre général, les réconfortent moralement. La radio donne ainsi lieu à la constitution d’une communauté radiophonique partageant le même destin.

La radio, une réponse ponctuelle à l’aide humanitaire

Au-delà du réconfort moral qu’elle suscite, la radio a parfois permis la prise en charge et la résolution, par la communauté radiophonique, de certaines difficultés matérielles auxquelles sont confrontées les PDI.  « Souvent, la radio traite de sujets qui portent sur nos difficultés. Et cela soulage un peu, nous, les PDI ; il y a des solutions que les auditeurs apportent parfois à nos problèmes » (Femme PDI, 54 ans, Kaya); « C’est à travers les émissions des radios que nous arrivons à avoir de l’aide ; vraiment, leurs émissions nous aident beaucoup en ce sens que ceux qui nous ont accueillis nous prennent comme leurs enfants et d’autres comme leurs frères ou sœurs » (Femme PDI, 45 ans, Fada).

Les auditeurs ne restent pas indifférents face à l’extrême vulnérabilité à laquelle sont exposées les personnes déplacées internes.  Ils manifestent une solidarité et une compassion à leur égard. Cette solidarité est un premier niveau de soutien que nous qualifions de micro. Elle est informelle et se réalise généralement entre une famille hôte et une famille de PDI. L’appel à la solidarité que lance la radio est saisi par des personnes sensibles qui viennent en aide, parfois, à des PDI. La radio devient, dès lors, l’instrument par lequel on observe une ultra endogénéisation de l’aide. Les auditeurs, qu’ils soient PDI ou PH, engagent des actions d’entraide permettant une prise en charge à l’échelle de la micro-communauté des problèmes des PDI qui sont à leur portée. « (…) On a même pu, grâce à la radio, ramener des filles déplacées internes qui avaient abandonné l’école dans les classes. Il y en a eu même une qui a eu son BEPC [Brevet d’études du premier cycle] cette année. La radio a même convié les confrères journalistes au cours d’un plaidoyer à ouvrir leurs colonnes et leurs antennes aux préoccupations des personnes déplacées internes pour qu’ensemble nous puissions porter plus haut leur cri de cœur pour que qui de droit vienne justement à leur aide. Et à l’occasion, il y a eu une contribution ponctuelle qui a été initiée pour soutenir effectivement cette jeune fille là. Et les gens ont laissé parler leur cœur ; il y en a qui ont donné des cahiers, il y en a qui ont donné des bics, qui ont donné des sacs, qui ont donné de l’argent et tout cela a permis, en tout cas, à la jeune fille là de pouvoir décrocher son BEPC. Si la radio ne l’avait pas fait, c’est sûr et certain que c’était fini pour elle » (Radio Salaki, Dédougou).

 

La radio n’est pas seulement un relai de l’appel à l’aide nationale ou internationale. Elle est aussi un acteur humanitaire direct qui initie en son sein des collectes de dons en nature et/ou en espèce au profit des PDI. C’est le deuxième niveau de solidarité se réalisant au niveau macro. A Ouagadougou, des médias se sont inscrits dans cet élan de solidarité en mobilisant des aides de diverses natures pour les PDI. Le groupe de presse 3TV et Wat FM a lancé, début août 2022, l’opération « Coup de cœur pour les PDI »[2] qui a permis, en une journée, de soulager, un tant soit peu, la souffrance des PDI. Une année plus tôt, la radio Ouaga FM avait aussi lancé un appel à solidarité qui a permis de collecter des habits, des chaussures, des ustensiles de cuisine, des vivres et plus d’un million de francs CFA au profit des PDI[3].

La radio communautaire joue encore une fois un rôle catalyseur.  Elle permet à des organismes humanitaires, des ONG, les pouvoirs publics, des partenaires bilatéraux de se manifester solidairement par des dons de vivres ou par d’autres formes de soutien aux PDI. La radio Salaki a pris, dans ce sens, l’initiative de recenser, dans la communauté des PDI de Dédougou, les enfants souffrant de malnutrition pour les faire bénéficier de prise en charge alimentaire et sanitaire par l’entremise de son partenaire technique et financier BEFEN.

Conclusion

Cette recherche vient corroborer le postulat que les radios communautaires sont au service de la communauté pour laquelle elle est créée. Elles s’orientent plus dans un journalisme d’immersion, accordant la part belle aux PDI qu’elles vont même jusqu’à en faire des journalistes de circonstance. Des émissions dédiées spécifiquement à la crise humanitaire sont créées donnant l’occasion aux PDI de s’offrir une espèce de catharsis sociale. Via les ondes, elles leur donnent la possibilité de se parler entre elles, mais aussi entre elles et les populations hôtes, participant à lever des obstacles liés à la coexistence pacifique et à bien d’autres difficultés existentielles. La radio communautaire génère des familles radiophoniques constituées de clubs d’écoute et de relais communautaires, contribuant de fait à la sortir de sa zone de confort pour devenir un média populaire à propos duquel il n’y a pas de mystère. Elle forme avec les PDI une communauté médiatique décomplexée.

Dr Lassané Yaméogo

Chargé de Recherche, INSS/CNRST

 

Bibliographie

BAZONGO Baguinébié et BEUREL Élise., (2020), L’accès à l’information des PDI et sur le niveau d’information et de conscience du virus COVID-19, Ouagadougou, Fondation Hirondelle Burkina Faso & Agence des Nations Unies pour les réfugiés

DAMOME Étienne (2019), “Revisiter la notion de communauté médiatique à partir de l’exemple des collectifs d’auditeurs engagés en Afrique subsaharienne”. Revue française des sciences de l’information et de la communication, (16).

FRASER Colin et ESTRADA Sonia Restrepo (2001). Manuel de la radio communautaireParis: UNESCO

INSD (2006), Enquête sur la Condition de vie des Ménages, Ouagadougou, INSD

 INSD (2020), 5e recensement général de la population et de l’habitation (RGPH). Technical report, INSD Burkina Faso

LAMIZANA Batouré et al. (2018) Étude des Radios du Burkina Faso : typologies, audiences et perspectives, Ouagadougou, UNICEF

LOUKOU, Alain François. (2018). « La radio au service de la paix et du développement dans l'Ouest ivoirien en contexte post-crise ». International Journal of Innovation and Applied Studies, vol. 24, n°2, p. 674-683.

OGALLO Laban (20O3). Radio et catastrophes naturelles en Afrique, ICT Update.

TUDESQ André Jean. (2009). Médias et transfert de modèles. Les radios de proximité en Afrique subsaharienne, un modèle autochtone. Site Internet du GRER.

YAMÉOGO Lassané  et HEYWOOD Emma (2022) , « La radio et le défi de la mobilisation contre la COVID-19 : exemple des personnes déplacées internes à Kaya, Pissila et Kongoussi au Burkina Faso », RadioMorphoses [En ligne], http://journals.openedition.org/radiomorphoses/2752 ; DOI : https://doi.org/10.4000/radiomorphoses.2752

YAMÉOGO Lassané (2022), État de la liberté de la presse au Burkina Faso en 2021 suivi de l’étude « crise humanitaire et médias : regards croisés sur le traitement journalistique des PDI par les médias nationaux et locaux », Ouagadougou, collection CNP-NZ.

Notes de bas de page

[1] Selon cette étude 66% des ménages burkinabè disposaient, en 2005, d’un poste de radio contre 14% pour la télévision

[2] Cryspin Laoundiki, « Action humanitaire : 3TV et Wat FM lancent l’opération « Coup de cœur pour les PDI », lefaso.net : https://lefaso.net/spip.php?article115236, publié le 7 août 2022, consulté le 10 septembre 2022.

[3] Armelle Ouédraogo « Prise en charge des personnes déplacées internes : La radio Ouaga FM et ses auditeurs mettent la main à la poche », lefaso.net, https://lefaso.net/spip.php?article107994 publié le 4 octobre 2021, consulté le 12 septembre 2022