Le réalisateur burkinabè Dani Kouyaté a présenté, le jeudi 20 février 2022, à Canal Olympia Ouaga 2000, son sixième long métrage de fiction « Katanga, la danse des scorpions ». Ce film, une immersion dans les intrigues du pouvoir, est en lice pour l'Étalon d'or de Yennenga à la vingt-neuvième édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, qui se déroulera du 22 février au 01 mars 2025, dans la capitale burkinabè.
Projecteurs. Intrigues, contorsions, changements de bord, complots politiques. Le cinéphile est, avec « Katanga, la danse des scorpions » (d’après « La Tragédie de Macbeth » de William Shakespeare), est une plongée dans les couloirs sinueux, officieux et obscurs du pouvoir politique, où se font et se défont les destins des rois, des notables, des officiers, des soldats et des sujets.
Après « Sya, le rêve de Python », Dani Kouyaté, fils de l'illustre acteur Sotigui Kouyaté, braque ses caméras et projecteurs dans les coulisses du pouvoir politique en pays moagha.
Synopsis
Après un complot raté contre sa couronne, le roi Pazouknaam nomme son cousin Katanga au poste de chef des armées. Conscient de la lourdeur de la tâche, Katanga consulte un devin pour la réussite de sa mission. Le devin lit dans le sable que Katanga devrait être roi à la place de son cousin, ou il devrait mourir avec lui lors d'un prochain complot. Il sombrera dès lors dans les travers du mal pour défendre son pouvoir.
Tourné en noir et blanc, le film a de beaux décors, une musique originale et des bruitages captivants dominés par la flûte et le tambour (par Dramane Dembélé et Pascal Zander), des costumes élégants inspirés de la culture moagha (par Anuncia Blass Kouyaté).
Une peinture des travers du pouvoir...
Selon Dani Kouyaté, ce film est une peinture des réalités du pouvoir politique. « Katanga traite de la question du pouvoir. Il parle du rapport des hommes aux du pouvoir et de comment le pouvoir peut transformer l'être humain.
Nous avons tourné le film en six semaines. Et après, on a fait la post-production, ça a duré autour de six mois. Mais ça fait quand même deux ans et demi qu'on travaille sur le film, puisqu'on a tourné il y a deux ans et demi. Et c'est seulement maintenant qu'on arrive à la sortie du film. Donc, c'était plusieurs étapes qui se sont révélées utiles pour arriver au bout de l'étape. On avait beaucoup de monde sur le plateau. Il y avait autour d'une cinquantaine de techniciens et près de 200 figurants. Et les comédiens, dans les rôles principaux, on a autour d'une vingtaine de comédiens », a-t-il affirmé.
Des difficultés...
Pour ce film, le réalisateur confie qu'il y a eu quelques difficultés. « Malheureusement, comme vous le savez, le film ne produit pas beaucoup d'argent dans les salles. Du coup, on ne produit pas beaucoup d'argent en amont pour faire des films. Nous avons besoin de mettre en place des systèmes de distribution, d'exploitation du film pour pouvoir générer de l'argent, pour pouvoir investir dans le film. Et ça, ce sont des choses qui sont en train de se mettre petit à petit en place. Mais autrement, nos films sont toujours des films à budget difficile. On se bat toujours pour arriver au but du film. Et c'est pour ça que je remercie justement les techniciens et les comédiens qui font énormément d'efforts, énormément de sacrifices », a-t-il souligné.
Une distribution de haute qualité
Les acteurs du film sont des professionnels du cinéma et du théâtre burkinabè, qui ont parfaite maîtrise du Mooré (car le dialogue du film est entièrement écrit et interprété dans cette langue nationale). Le choix des premiers et seconds rôles a été assuré par le Directeur de Casting, Ildevert Méda.
Les acteurs du film sont : Lazare Minoungou (Tangby) ; Mahamadi Nana (Katanga) ; Lionel Bambara (Wendemi) ; Hafissata Coulibaly (Pougnéré) ; Rasmané Ouédraogo (Sidnooma) ; Justin Ouidiga (Bugum) ; Adissa Ilboudo (Soubila) ; Issa Ouédraogo (Gandaogo) ; Prosper Compaoré (Pazouknaam) ; Lazare Kaboré (Tengsoaba) ; Ildevert Méda (le médecin) ; Dramane Ouédraogo (Prince Raogo) ; Abdoulaye Komboudry (Lalé, le devin) ; Aï Kéïta (La Reine-mère) ; Claire Traoré (Kuiliga) ; Charles Wattara (Nyamba) ; Alexis Kombassé Yaméogo (vieux bronzier) ; Joséphine Kaboré (La dame barbue) ; Serge Ouédraogo (Sidgomdé).
Ils ont su rendre, avec maîtrise et émotions, les métaphores, les symbolismes, les hyperboles, les antithèses et les antiphrases contenus dans les dialogues en Mooré, adaptés et scénarisés par Dani Kouyaté.
Le réalisateur...
Brièvement, Dani Kouyaté, fils de Sotigui Kouyaté, né le 4 juin 1961 à Bobo-Dioulasso, est un descendant d'une famille de griots pratiquants.
Il est conteur, musicien, metteur en scène de théâtre et de cinéma, enseignant au département d'Anthropologie Culturelle de l'Université d'Uppsala, enseignant à l'École de Cinéma et Théâtre de Wiks Folkhögskola à Uppsala en Suède.
Jean-Yves Nébié
Filmographie de Dani Kouyaté
- 1989 : Bilakoro (coréalisation avec Issa Traoré de Brahima et Sékou Traoré (court métrage)
- 1991 : Tobbere Kossam (court métrage)
- 1992 : Les Larmes sacrées du crocodile (court métrage)
- 1995 : Keïta ! L’Héritage du griot (long métrage, Prix Oumarou Ganda de la première œuvre)
- 1998 : À nous la vie (série télévisée)
- 2001 : Sia, le rêve du python (long métrage)
- 2003 : Ouaga saga (long métrage, Prix Graine de Baobab Wamdé, 19e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou en 2005)
- 2004 : Joseph Ki-Zerbo identités (documentaire, Prix spécial UEMOA TV/ vidéo professionnelle au 19e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou en 2005)
- 2008 : Souvenirs encombrants d’une femme de ménage (documentaire)
- 2013 : Femmes, entièrement femmes (docufiction) coréalisé avec Philippe Baqué. Durée 52 min. Mamounata Nikiéma est associée à ce film en tant que productrice exécutive
- 2013 : Soleils (long métrage)
- 2016 : Tant Qu’on Vit (long métrage)